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Haley, Jennifer

Quartier 3 : destruction totale

2012

samedi 5 mai 2012

Collection Théâtre contemporain en traduction
Traduit de l’anglais (USA) par Emmanuel Gaillot.

Un groupe d’adolescents tentent d’atteindre le dernier niveau dénommé « La Maison Finale » d’un jeu vidéo se déroulant dans une réalité virtuelle, « Le Quartier ».

Ce dernier, situé dans une banlieue américaine, à l’identique de celle dans laquelle vivent réellement les joueurs, est habité de zombies que les joueurs doivent éviter ou tuer pour progresser de niveau en niveau. Mais, petit à petit, on découvre que les actions destructrices des joueurs, happés par les événements virtuels auxquels ils participent, troublent le calme apparent de la banlieue et que les relations entres les jeunes et les adultes, perdus dans un monde réel déconnecté des valeurs humaines, se détériorent.

Jennifer Haley rend poreuse la frontière entre la réalité et l’univers du jeu. Ainsi, si la pièce, à l’exception d’une seule scène, se déroule dans l’univers « réel » habité par les parents et les adolescents, il est constamment fait référence au jeu, par le biais des « soluces » ou « solutions du jeu ».

L’auteur propose une réflexion qui, au delà de la perception que l’on peut avoir des pratiques de jeux, pose la question des liens entre réel et virtuel, mais aussi entre représentation du virtuel et le virtuel du théâtre.

Quartier 3 : destruction totale est la première traduction en français (2011) et la première publication de Jennifer Haley.

p. 9 à 15

1 soluces

la maison que tu cherches est la troisième en partant de la gauche
quand tu regardes le cul-de-sac
toutes les maisons se ressemblent
fais attention

avance lentement vers la maison
tu entendras le son de tes
pas
dans la rue
ne marche pas trop vite

quand tu seras près de la maison
tu verras sur le trottoir
un Marteau De Vitrier

prends-le
tu en auras besoin plus tard

comme toutes les autres maisons
celle-ci aura une
façade en briques couleur chair
et un paillasson de bienvenue devant la porte

un indice : si tu t’agenouilles et
regardes attentivement le paillasson
tu verras le mot
« bienvenue » devenir
« au secours »
entre dans la maison
il y a sur la droite une double
porte de saloon
pousse-la
et entre
dans la cuisine

1 la cuisine

makaela
tu veux un coca

trevor
si tu veux

makaela
fait chier
y en a plus
mon frère
les a tous vidés

trevor
c’est pas grave

makaela
du coup j’ai juste des trucs nuls
comme du jus de raisin
t’en veux du
jus de raisin

trevor
si tu veux

makaela
sauf
qu’il en a laissé qu’un fond
dans la bouteille

trevor
c’est pas grave

makaela
c’est grave
je vais lui arracher les couilles

trevor
je veux dire
j’ai pas besoin de jus de raisin

makaela
en même temps personne n’a besoin de jus de raisin
mais ça aurait pu être sympa
sinon on a du lait
t’en veux du
lait

trevor
non merci

makaela
c’est du Lait Chocolaté

trevor
ok

makaela
c’est comme si on avait
onze ans
à nouveau

trevor
la dernière fois que j’en ai bu
c’était ici
ma mère n’achète pas
de Lait Chocolaté

makaela
ta mère

trevor
quoi

makaela
elle vend pas
des trucs de beauté
ou des machins dans le genre

trevor
des substituts alimentaires vitaminés

makaela
c’est quoi ça

trevor
des substituts alimentaires avec des vitamines

makaela
tu peux ex-pli-quer

trevor
c’est des sachets de poudre
t’ajoutes de l’eau
ça te fait un grand verre
tu bois ça deux fois par jour

makaela
et c’est bon

trevor
non

makaela
pourquoi t’en prends alors

trevor
ma mère elle dit que ça t’apporte
tout ce que t’as besoin

makaela
et ça marche
ça t’apporte
tout ce que t’as besoin

trevor

makaela
je vois toujours
un tas de voitures
devant chez toi

trevor
elle fait des réunions
à la maison
elle fait
des démonstrations

makaela
c’est pas du genre
vente pyramidale

trevor
c’est quoi ça

makaela
tu sais bien
tu réunis des tas de gens
y a tout un tas de niveaux
tout le monde essaie d’arriver au
niveau suivant
d’arriver
tout en haut
comme la scientologie
ou la mafia

trevor
ma mère
n’est pas
dans la mafia

makaela
elle sait pas
que t’es ici

trevor
elle est partie
pour l’après-midi

makaela
c’est la première fois que je te voyais
dans le bus

trevor
c’est elle qui me conduit

makaela
je vais bientôt avoir une voiture

trevor
quoi comme voiture

makaela
une voiture flambant neuve

trevor
non mais quelle marque quel modèle

makaela
je sais pas
tyler
mon frère
il vient d’avoir un hummer
en fait c’est son deuxième
hummer
il a plié le premier
pratiquement tué quelqu’un
alors mon père lui en a filé un autre
je veux un truc qui vaut autant
que ces deux hummers de merde
genre une jag peut-être

trevor
tu crois que ton père
va t’acheter une jag

makaela
peut-être
si je fais semblant de péter méga les plombs
la fille qui perd complètement les pédales
il m’en achètera une pour tenter de
me sauver
sinon
ce sera probablement
une toyota
(…)

p. 41 à 48

3 le salon

vicki
as-tu trouvé ce que tu
cherchais

kaitlyn
oui merci de m’avoir permis d’aller dans
sa chambre

vicki
espérons qu’il ne se rendra pas compte que
nous étions dans
sa chambre
à moins qu’il ait une
caméra cachée

kaitlyn
je ne me souviens pas
d’une caméra

vicki
je plaisante
même si ça ne me surprendrait pas
il a toujours aimé
les gadgets

kaitlyn
ouais

vicki
je ne sais pas ce qu’il garde là-dedans
il en fait un tel
mystère
mais on a toujours juré
de protéger son
intimité

kaitlyn
uh huh

vicki
eh bien ce sera
notre
petit secret

kaitlyn
hem
il faut que j’y aille
mais merci encore
madame prichard

vicki

vicki
restons-en à vicki
et ce n’est rien
je suis contente que tu aies trouvé
ce que tu cherchais
ça me fait tellement plaisir tellement plaisir de te revoir

kaitlyn
ça me fait plaisir de vous revoir
également

vicki
ta présence nous manque vraiment
par ici

kaitlyn
oui
pareil pour moi

vicki
mon mari et moi
on pensait que tu étais quelqu’un de vraiment
bien pour lui

kaitlyn
merci
mais il faut

vicki
veux-tu t’asseoir
une minute

kaitlyn
oh

vicki
je pourrais t’apporter un coca
ou même un Verre De Vin
je vais en prendre un moi-même
seulement si tu penses
que ta mère n’y verrait pas d’objection

kaitlyn
non elle me laisse
boire du Vin de temps en temps
c’est juste que je

vicki
je ne m’attends pas à ce que
tyler rentre à la maison
avant un bon moment

kaitlyn
ok
peut-être que je peux
une minute

vicki
tant mieux
tant mieux
assieds-toi
laisse-moi t’apporter
un verre
tu as vu on a retapissé la causeuse

kaitlyn
elle est jolie

vicki
merci
ce n’était pas donné

kaitlyn
non elle est
jolie

vicki
j’ai beaucoup hésité sur le tissu
je n’arrivais tout simplement pas à me décider entre
des rayures et un imprimé
on ne dirait pas que ça a de l’importance
mais ça a une influence sur toute la pièce
ces détails qui semblent insignifiants
ont des conséquences tellement énormes
tiens

kaitlyn
merci

vicki
alors
kaitlyn
comment vont les études

kaitlyn
bien

vicki
quelles options
as-tu prises

kaitlyn
arts graphiques

vicki
ah bon
avec des ordinateurs

kaitlyn
oh oui

vicki
waouh
ils vous enseignent tant de
choses passionnantes maintenant
comment vont les notes
toujours aussi bonnes

kaitlyn
je suppose

vicki
tu sais
malgré
ce hummer qu’on lui a pris
les notes de tyler ont chuté
quand vous deux avez rompu

kaitlyn
oh
excusez-moi

vicki
non
non
ce n’est pas ta faute
je pense juste que ça l’a
contrarié

kaitlyn

vicki
je veux dire
c’est quand même toi
qui as rompu
avec lui

kaitlyn
on peut aussi voir ça comme ça

vicki
c’est ce qu’il
a dit

kaitlyn
on n’était pas
souvent ensemble
de toute façon

vicki
mais
quand il n’était pas sur
son ordinateur
je pensais qu’il était
avec toi

kaitlyn
je veux dire oui
parfois

vicki
presque chaque nuit

kaitlyn
non

vicki
mais alors où pouvait-il
bien être

kaitlyn
probablement
avec ses amis

vicki
tu veux dire les frères olson

kaitlyn
il n’est pas vraiment
ami avec eux

vicki
ce sont ses meilleurs amis

kaitlyn

vicki

kaitlyn

vicki
ça m’a fait bizarre de voir sa chambre
je ne l’avais pas vue depuis des mois
on lui a acheté son lit
quand il avait cinq ans
un matin je suis rentrée
et ses pieds dépassaient
à un bout
et ils étaient

poilus

j’ai dit qu’il était temps
d’acheter un nouveau lit
mais c’était à l’époque où
il a barricadé sa chambre
et comme je l’ai dit
je veux lui laisser
son espace à lui
pour être lui-même
ce n’est pas mal non
je ne suis pas du genre des parents
qui lisent le journal intime de leur fils
pour peu que les garçons tiennent réellement un journal
peut-être a-t-il un
comment dit-on
un blog
même s’il était en ligne
je ne le lirais pas
non pas que je sois particulièrement douée
avec internet
il joue à ce
jeu maintenant
qui lui prend
tout son temps
quand il n’est pas avec ses
amis
ou qui que ce soit
avec qui il traîne
j’essaie juste de
quelque chose a changé
penses-tu
mon dieu
penses-tu que ce soit
la drogue

kaitlyn
peut-être
en partie

vicki
il a les
yeux rouges
mais c’est juste de la marijuana
n’est-ce pas

kaitlyn
pas quand c’est
cette sorte de
rouge

vicki
tu veux dire
quelque chose de plus dur
quelque chose comme
c’était à la télé dans dateline
oxycontin

kaitlyn
il se peut que ce ne soit même pas
la drogue

vicki
il a une grande imagination
il s’attire des problèmes
avec l’Association du Quartier
mais un saint en aurait autant
je veux dire
tout le monde se fiche de ce stupide terrain de golf
ça m’a fait bizarre
de voir ces posters
sur les murs de sa chambre
mais tous les garçons
ont des posters comme ça
avec des squelettes
et des zombies
et du sang
n’est-ce pas

vicki

kaitlyn

kaitlyn
je pense que vous devriez fouiller sa chambre

vicki

kaitlyn

vicki
que crois-tu
que je pourrais y trouver

kaitlyn
vous vous rappelez
ce Chat

vicki
quel Chat

kaitlyn
le Chat
des henderson

vicki
n’a-t-il pas été
écrasé par une voiture

kaitlyn
vous n’êtes pas au courant
dans quel état ils l’ont trouvé

vicki
dans quel état l’ont-ils
trouvé

kaitlyn
il était
encore vivant
même si

vicki
stop

je ne veux pas savoir ce que
ceci a à voir avec
mon fils
nous lui donnons
tout ce dont
il a besoin
ce Vin est
(…)

p. 80 à 82

6 la pelouse

tobias
excusez-moi
vous êtes là où je vais
débroussailler

barbara
vous l’avez déjà fait
vous avez déjà débroussaillé
hier

tobias
je débroussaille à nouveau
aujourd’hui

barbara
vous le faites chaque jour
la pelouse n’en a pas besoin
chaque jour

tobias
je dois la garder impeccable
je dois garder le terrain prêt

barbara
je ne vous
entends pas
pouvez-vous s’il vous plaît arrêter la Débroussailleuse

tobias

barbara
merci
je suis barbara
j’habite à côté

tobias
je vous ai vue
aller et venir

barbara
vous connaissez mon fils
cody

tobias
je l’ai vu
aller et venir

barbara
mon mari et moi
on vient juste de rentrer
apparemment cody a invité
des amis
ils ont laissé la salle de jeu en bazar
pas le bazar
habituel
vous n’avez pas vu l’un d’entre eux
aller et venir
pendant que vous étiez ici à débroussailler votre
pelouse tondue à ras

tobias
je viens juste de
commencer

barbara
enfin
vous ne travaillez pas
n’est-ce pas
vous ne les avez pas vus
cet après-midi

tobias
j’ai entendu des
hurlements

barbara
des hurlements

tobias
j’ai cru qu’ils jouaient
on aurait dit
à un jeu

barbara
vous voulez dire genre
des encouragements

tobias
je veux dire genre
des hurlements

barbara
comme s’ils étaient
énervés

tobias
si par
énervés
vous voulez dire
hystériques
alors
oui

barbara

tobias

barbara
pourquoi tondez-vous votre pelouse
chaque jour
chaque jour qui passe j’entends ce
ronflement

tobias
la pelouse est
sauvage
elle pousse
très vite

barbara
pas en un jour
pas si vite

(…)


Extraits de presse

« Jennifer Haley est une dramaturge américaine. Quartier 3, destruction totale est sa première pièce publiée en français.

Le lecteur est entièrement happé par ce texte qui se lit comme un roman policier ou un roman d’horreur. Seize personnages hantent ce Quartier 3, seize joueurs appartenant à des catégories “père”, “mère”, “fils” ou “fille”. (…) Nous sommes donc dans un jeu. Mais un jeu grandeur nature, à l’identique du quartier dans lequel les personnages vivent.

Jennifer Haley crée une mise sous tension extrêmement physique, elle rythme ses phrases, marque des silences très lourds et actifs et met en jeu cette rythmique dans la mise en page même de sa pièce.

Quartier 3 nous renvoie bien sûr à la violence de notre monde, avec tous ces faits divers où des jeunes passent à l’acte de tuer, comme s’ils se retrouvaient devant leur console. Le théâtre étant lui-même une mise en jeu, cela produit un effet de miroir démultiplié et salutaire. On sort de cette lecture absolument tendus et mal à l’aise.

À lire absolument. »

[Laurence Cazaux, Le Matricule des Anges, n° 136, septembre 2012]


« C’est moins le jeu vidéo qui importe que son impact sur les relations humaines ou son caractère révélateur.

L’origine de la pièce transparaît dans les idiosyncrasies sociales, caractéristiques d’une banlieue américaine blanche, avec comité de quartier, desperate housewives, père divorcé workaholic, ados déjà névrosés, voisin louche. Si loin, mais si proche, pourtant - notamment par l’influence de ces nombreuses séries auxquelles la pièce fait immanquablement écho. »

[Alain Lorfèvre, La libre Belgique, 20 février 2017]


« Ce pourrait être le scénario d’un film, entre science-fiction et horreur, qui puiserait ses références à la fois dans Matrix et World of Warcraft, ce jeu de rôle en ligne et multijoueur. On peut y voir aussi un petit côté Scream pour le suspense sanglant, sans oublier la série The Walking Dead pour la pincée de zombies, et un peu de Desperate Housewives pour le dépeçage en règle de la banlieue américaine cossue où les pelouses vertes et impeccablement tondues cachent mal les dérèglements familiaux et autres lacunes en termes de relations humaines tapis derrières les fenêtres. (…)

Construite en une série de scènes courtes, elliptiques, rapides comme des secousses, sommaires comme des décharges électriques, la pièce trouve dans la mise en scène d’Olivier Boudon un habillage impeccable, rigoureux, qui joue lui-même avec les écrans pour mieux nous déstabiliser. « 

[Catherine Makereek, Le Soir, 21 février 2017]


« Quartier 3, Destruction totale - à la fois le titre de la pièce et celui du jeu dont il est le sujet - parle de ces joueurs compulsifs, addictifs. Ils sont jeunes, évoluent dans un contexte de petite ville américaine plutôt cossue, dans un quartier bien précis (que l’on devine ultra protégé), décrit et reproduit à l’identique par le jeu lui-même dans lequel ils sont plongés, en immersion totale.

De niveau en niveau, ils tentent d’atteindre le dernier stade du jeu "La Maison Finale", et doivent pour cela affronter des zombies au moyen d’armes et d’astuces à trouver dans leur entourage : jardins, maisons, familles. La ressemblance avec certains quartiers de nos villes n’est pas fortuite et les problèmes que le public va découvrir sont universels, notamment la relation intergénérationnelle.

Une "Association des habitants du quartier" s’est formée et tous les adultes s’inquiètent de la tournure de plus en plus violente prise par le jeu et son impact sur leur vie jusqu’alors paisible. La relation parents/enfants se détériorera à mesure que le jeu évolue et que des faits étranges surviennent, que force est de constater que les actions des joueurs ont des conséquences (coïncidences ?) dans le quotidien de leur quartier réel (objets disparus, chat torturé...). (…)

Le spectateur accroché à l’histoire qui évolue comme un thriller, risque de sentir monter en lui une certaine anxiété : celle de ne plus savoir où se situe la Vérité, la Réalité, telle qu’il croit la connaître. (…)
La fin ambigüe, ouverte, laissera le spectateur dubitatif et sur sa faim ou, au contraire, en proie à une foule de réflexions, suscitant elles-mêmes de nouvelles interrogations... Une fois encore, le théâtre de Poche est fidèle à son histoire et à sa réputation d’être, lui, résolument ancré dans la réalité, et l’actualité !

[Suzanne Vanina, Rue du Théâtre, 23 février 2017]


« Dans ce quartier, toutes les maisons se ressemblent. Le but du jeu est de remplir une série de missions, niveau par niveau, tout en survivant aux attaques de zombies. Chaque chapitre débute sur une vue aérienne du quartier, celui-là même dans lequel vivent les joueurs. De plus, les zombies prennent l’apparence des adultes du voisinage. Très vite la frontière entre virtuel et réalité s’estompe et les parents en viennent à espérer que leurs enfants se droguent, comme si cela était plus conforme à la "normalité". Et si on évolue, étape par étape, au gré du déroulement du jeu, il apparaît rapidement qu’il n’y a pas de sortie possible, toute relation est empoisonnée par le fantasme et la peur. (…)

La mise en scène d’Olivier Boudon repose sur la distance entre le spectateur et les comédiens qui se concrétise par un écran géant transparent sur lequel sont projetées des images du quartier et les instructions auxquelles les joueurs doivent répondre, des "solutions du jeu". Derrière cet écran, adolescents et adultes se parlent, se mesurent, s’affrontent dans des joutes verbales dominées par l’incompréhension mutuelle, même s’ils habitent le même quartier, vivent dans une même famille et partagent les mêmes codes.

Les quatre comédiens déroulent ce puzzle apocalyptique avec conviction et détermination. Tous les personnages véhiculent les archétypes que notre société consumériste et hyper individualiste peut produire (…)

Plus que le jeu vidéo lui-même, ce sont les rapports humains induits par le flou qui sépare l’univers virtuel de la vraie vie qui sont au cœur du questionnement de la pièce. Jusqu’où s’étend notre responsabilité dans l’évolution de nos enfants, où se situe la limite dans la liberté que nous devons consentir pour qu’ils s’épanouissent, quand est-il trop tard, quand allons-nous trop loin dans la déresponsabilité, dans la culpabilité ?

Les quatre comédiens déroulent ce puzzle apocalyptique avec conviction et détermination, à un point que l’on est tout surpris qu’ils ne soient que quatre – au total, ils jouent pas moins de 16 rôles – sur scène tant leur palette est riche et leur présence forte. L’ambiguïté entre réalité et virtualité est troublante jusqu’au coup de théâtre final. »

[Didier Béclard, L’Echo, 28 février 2017]


« Quartier 3, destruction totale était une pièce troublante qui traitait déjà du même sujet [que Le Néther] : les changements que produit la réalité virtuelle dans les relations entre les humains.

Des adolescents jouent à un jeu vidéo ultra-violent qui consiste à tuer des zombies. Le décor du jeu est identique au quartier où ils vivent. La frontière entre la réalité et le virtuel devient tellement poreuse que l’on ne sait plus, lorsqu’un adolescent parvient au dernier niveau du jeu, s’il a réellement tué sa mère qui vient de lui demander de fermer son ordinateur, ou s’il est resté dans le jeu. »

[Laurence Cazaux, Le Matricule des anges, n°189, janvier 2018]

Le texte à l’étranger

Neighborhood 3 : Requisition of Doom est publié par Samuel French et Playscripts, Inc.

La pièce a été montée dans le cadre du Humana Festival of New American Plays de l’Actors Theatre of Lousville en 2008, et du Summer Play Festival de New York.

La pièce continue à tourner depuis 2009 : Las Vegas NV ; Wellfleet MA ; Cambridge MA ; Baltimore MD ; Rochester NY ; Pittsburgh PA ; Los Angeles CA ; Durham NC ; Philadelphia PA ; Boston MA ; Hamilton, New Zealand ; St. Louis MO

Vie du texte

Lecture dirigée par Dag Jeanneret au Printemps des comédiens, Montpellier, le 18 juin 2012.


Pièce retenue par le Bureau des lecteurs de la Comédie-Française en mai 2012.

Dans le cadre d’un cycle de lectures d’auteurs contemporains, Quartier 3, destruction totale fait l’objet d’une lecture scénique avec des comédiens de la troupe de la Comédie-Française, Théâtre du Vieux-Colombier, juin 2012.


Sélectionnée par le Fracas des mots, laboratoire pour les écritures contemporaines du CDN-Le Fracas, Montluçon.
Mise en lecture par Cédric Jonchière, au Fracas, le 28 mai 2013.


Mise en lecture par Joris Mathieu, dans le cadre de Lectures sur un plateau, 3 jours dédiés aux écritures théâtrales pour l’enfance et la jeunesse, proposé par le CDN-Théâtre Nouvelle Génération, Lyon, le 9 avril 2015.


Dans le cadre du festival Terre de paroles, lecture dirigée par Ludovic Pacot-Grivel et les élèves du Conservatoire du Havre, Evreux, 16 avril 2016.

Création 2023
_ Mise en scène Ludovic Pacot-Grivel, avec Inès Camesella, Romain Hamel, Claire Le Plomb, Louis Olive, Orane Pelletier, Alice Valinducq, Charles Valter, Le Rayon vert, St Valery en Caux, les 9 et 10 mars 2023.


Création dans une mise en scène de Olivier Boudon, avec Lise Wittamer, Stéphane Fenocchi, Lucile Charnier et Lode Thiery, Théâtre de poche, Bruxelles, du 14 février au 11 mars 2017.


Nouvelle création dans une mise en scène de Cécile Mourier, Christophe Muller, avec Débora Cherrière, Geoffrey Goudeau, Cécile Mourier, Paul Schirck, TAPS Strasbourg (97), du 19 au 23 octobre 2021.

Tournée 2023
— salle Europe, Colmar, 6 avril
avec Bruno Amna, Débora Cherrière, Geoffrey Goudeau, Cécile Mourier

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