Accueil > Collections > Théâtre > Théâtre contemporain > Vole petit avion, vole

Sufo, Sufo

Vole petit avion, vole

2021

mardi 9 mars 2021

Une fillette demande à son frère de lui construire un avion pour son anniversaire. Mais pas un petit avion en bambou comme il le fait habituellement, avec des fils, à l’image d’un cerf-volant. Non un avion qui vole, comme un vrai avion.

Elle voudrait voyager jusqu’aux confins de l’univers car elle recherche un monsieur qui a la solution à la tache qui se trouve sur son corps, et sur le corps des siens...

Mais cela est sans compter avec la grande sœur qui n’approuve pas cette idée.

Quelques années plus tard, devenus adultes, ils se croisent tous les trois à nouveau – rencontres de hasard ? Est-ce le moment de lever les secrets ? de découvrir de ce qu’ils sont ?

A travers ces trois regards, Sufo Sufo tisse l’histoire d’une émancipation et d’une recherche de la liberté, rythmée par une voix narratrice aux multiples facettes.

Fin scène 1

J’écoutais
Aux portes
J’écoutais
Derrière les portes
J’écoutais
En dessous des portes
J’écoutais

Ecouter
J’écoutais

Je me confondais avec les murs
et il ou elle n’en savait rien
Je me confondais avec les rideaux
et il ou elle n’en savait rien
Je me confondais avec les meubles
et il ou elle n’en savait rien
Je me confondais avec les murs les meubles les rideaux
et il ou elle n’en savait rien
Je me faisais ombre, pour mieux écouter.


Scène 2

Koldja : Fabrique-moi un avion.
Un avion qui vole.

Petit Major : Qui…vole ?

Koldja : Sans fils.
Comme un vrai avion.

Petit Major : Vrai de vrai ?

Koldja : De vrai.

Petit Major : Je ne peux pas !

Koldja : Tu peux !

Petit Major : …non !

Koldja : L’amour de ça !
Je suis tombée amoureuse de croire en toi

Petit Major : Il me faudrait ce qui fait voler les avions

Koldja : Trouve ce qui fait voler les avions !

Petit Major : On dit que…

Koldja : Pas comme ! Non, ne soit pas comme ces totos savants, savants zéros, savants de 5-5 francs savants sans savoir. Je t’ai vu, je t’ai vu fabriquer un avion, vrai de vrai.

Petit Major : Non !

Koldja : Je t’ai vu entrer dans le secret de ta science, secret au top, top secret, tu as duré et duré dans le secret de la science. J’ai monté la garde devant la porte de ton secret. J’ai guetté les regards indiscrets devant la porte de ton secret. Je t’ai vu ressortir avec un avion, un avion qui volait, sans fils. Un avion dans lequel tu avais insufflé du …du…

Souffle ?

Koldja : Souffle !
Voilà !

Prends n’importe quel souffle.
N’importe quelle version de souffle.
Mets-le dans ton avion.
… Et ses ailes respireront
Comme les ailes de l’espace
Ses ailes se réveilleront
Comme les ailes de l’espace
Ses ailes s’allumeront
Comme les ailes de l’espace
Cap sur le ciel
Open ciel
Lointain ciel
No man’s ciel
Arrière ciel
Profond ciel
Ciel
Invisible
Ciel

Petit Major : Le souffle.
Où irais-je prendre du souffle ?

Koldja : Je croyais que dans le secret de ta science tout est possible.
Je croyais que dans le monde de ta science tout est...

Petit Major : Tout est possible !
Mais il y a des possibles impossibles, sans possibles, possibles pas du tout possibles.

(…)


Distinction

Pièce sélectionnée pour le Prix Théâtre RFI 2019.

Revue de presse

« On suit l’histoire de deux personnages principaux, Koldja la petite soeur et Major le grand-frère. Tout commence quand Koldja demande à Major de lui construire un avion, mais un qui vole vraiment. On sent rapidement la métaphore de la liberté, du départ au loin dans cet avion qu’un souffle doit animer pour qu’il puisse s’envoler.

On finit par réussir à comprendre les différentes strates (départ de la famille, du pays, exil, condamnation d’un certain pouvoir politique et social qui cherche à lisser, à censurer), on identifie progressivement mais sans certitude l’homme dont il est question au long de la pièce (père absent et/ou doubles du frère rencontrés par la petite soeur suite à son départ ?)

Une curiosité éveillée. »

[Babelio, 23 janvier 2022]


« Une fillette demande à son frère de lui construire un avion pour son anniversaire. Un vrai avion, pas un petit cerf-volant en bambou fait avec des fils.

Elle voudrait voyager jusqu’aux confins de l’univers car elle recherche un monsieur qui a la solution à la tache qui se trouve sur son corps, et sur le corps des siens…

Mais cela est sans compter avec la grande sœur qui n’approuve pas cette idée.

Quelques années plus tard, devenus adultes, ils se croisent tous les trois à nouveau. « 

[L’Avant-scène Théâtre, n°1513-1514, décembre 2021]


« L’écriture est très poétique.

L’auteur nous parle de liberté, de dictature, d’exil... que des thèmes qui font l’actualité, et qui sont abordé ici de belle manière. »

[Babelio, 28 janvier 2022]

Portfolio