Éditions Espaces 34

Théâtre traduction

Après diverses traductions liées à des mises en scène, création d’une collection "Théâtre contemporain en traduction" avec la Maison Antoine Vitez-Centre international de la traduction théâtrale

Extrait du texte

PERSONNAGES

— 1913
KRISTIN
ERIK

— 1968
STEFAN
CAROLINE

— Aujourd’hui
MYRIAM
HANNELE

La pièce se déroule dans une maison de famille à trois époques en même temps.


Acte I, SCENE 3

Le temps présent. Hannele entre. Elle parle avec une amie au téléphone. Myriam la suit, de gros cartons de déménagement dans les bras.

HANNELE.- Ouais ! Bien fait pour lui ! Juste pouh, tu vois ! Et lui genre « Aaargh, qu’est-ce qui te prend ! »

ERIK.- Qu’est-ce qui te prend, Kristin ?

HANNELE.- Et nous genre « ha-ha-ha » ! Et Tess, elle… (s’interrompt et regarde autour d’elle)

KRISTIN.- Je les trouverai, même si je dois fouiller dans toute la maison. (elle sort)

HANNELE.- Wouah la maison ! Incroyable !

ERIK.- Tu es incroyable ! Reste ici !

KRISTIN.- Change de chemise !

HANNELE.- Quoi ? Nan, en fait j’accompagne Myriam dans la maison de ses parents, la maison de campagne, la maison de famille quoi, enfin bref, parce que sa mère est morte et, oh merde ! Pardon ! Fallait pas que j’en parle ! Pardon, pardon, pardon ! T’as rien entendu, on n’est pas ici, y a pas de maison, personne n’est mort ! À la place on fait une échographie pour voir si le bébé se porte bien et d’ailleurs c’est le cas, je te montrerai les photos après, du coup je boirai pas ce week-end, quoi, t’as dit quoi ?

MYRIAM.- Hannele ?

ERIK.- Kristin !

HANNELE.- Ah bon ? Qui vient ? Ou plutôt : qui ne vient pas ? Ah, ok, alors on vient. Myriam et moi on adore ce qu’elle fait, pas vrai Mimi ! T’es d’accord pour qu’on aille au vernissage vendredi ? Dis oui !

MYRIAM.- Mm. Tu peux-

HANNELE.- Ok, on sera là ! Mimi paiera, bien sûr, mais là elle me jette le mauvais œil donc faut que je raccroche ! Juste pour finir : après lui avoir balancé sa bière à la figure, Tess lui a dit « C’est bon, t’as compris ? Je suis pas bisexuelle ! », ce qui est hyper bizarre parce que moi je crois quand même qu’elle l’est !

MYRIAM.- Hannele, tu peux venir m’aider ?

HANNELE.- C’est vrai ? Faudra que tu me racontes ! On se voit vendredi ! Salut ! Je t’envoie par sms le numéro de la carte bleue de Myriam. (Elle raccroche) Wouah ! La maison ! Incroyable !

MYRIAM.- Tu peux commencer par les livres. Là. Les cartons. Voilà.

CAROLINE(revient avec un verre d’eau et un mouchoir).- Voilà.

STEFAN.- Merci. Vous devez penser que je suis vraiment fou.

CAROLINE.- Laissez-vous du temps.

MYRIAM.- Tout ça, ça va prendre un temps fou ! Faut qu’on aille chercher d’autres cartons.

HANNELE.- Alors c’est là que ton grand-père a vécu ?

MYRIAM.- Mon grand-père Erik et ma grand-mère Kristin.

ERIK (change de chemise).- Kristin ! Cherche où tu veux mais n’entre pas dans la chambre ! J’ai une surprise pour toi à l’intérieur !

STEFAN.- Rien n’a changé. Les livres de mon père. C’est fou !

HANNELE.- C’est fou ! Ça a changé depuis l’époque où t’étais petite ?

STEFAN.- Ce tableau hideux, c’est ma mère qui l’a peint.

HANNELE.- Le tableau ! Wouah ! Mortel !

ERIK.- Kristin ! Tout va bien ? Je vais faire du thé !

HANNELE.- Il me le faut ! Je le veux ! Il est trop kitch. Je le veux ! Sérieux.

STEFAN.-Tout est à sa place.

MYRIAM.-Tout est à jeter.

HANNELE.- On pourrait l’accrocher dans l’entrée, non ?

MYRIAM.- Certainement pas. Et pourquoi t’as dit que ma mère était morte ? / Je t’avais clairement demandé de…

HANNELE.- Je sais, je sais ! Pardon, pardon.

MYRIAM.- Je trouve ça vraiment bizarre, / j’ai l’impression que tu t’en fous de…

HANNELE.- Moi je trouve ça vraiment bizarre de jamais avoir le droit d’accrocher des trucs sur les murs à la maison.

MYRIAM.- Ah bon ? C’est vrai ? Et ça t’étonne ?

CAROLINE.- Ça vous étonne que tout soit resté tel que dans vos souvenirs ?

STEFAN.-Même le berceau est toujours là.

MYRIAM.- Tu peux sortir le berceau ?

HANNELE.- Ben je sais pas. Ce berceau semble lourd et j’ai pas le droit de porter de choses lourdes parce que ça peut –

MYRIAM.- T’en es même pas au troisième mois.

HANNELE.- Et alors ? Je vais quand même pas faire des choses qui peuvent être dangereuses pour notre bébé ! C’est ça que tu veux ?

MYRIAM.- Alors pourquoi t’es là si tu peux pas m’aider ?

HANNELE.- Désolée d’avoir envie de voir ta maison d’enfance ! Et puis, je peux quand même mettre des tasses dans des cartons par exemple !

ERIK.- Les tasses sont sur la table, Kristin ! Qu’est-ce que tu fais ?

STEFAN.- Qu’est-ce que vous faites ?

CAROLINE.- J’aimerais vous prendre en photo.

HANNELE.- Et aussi ces photos encadrées !

STEFAN.- Quoi ?

HANNELE.- Ce qui me fait penser qu’il faut absolument que je te montre les photos de l’échographie, mais d’abord faut que je te raconte un truc de fou que Jonna a dit à Tess !

MYRIAM.-Mm ?

HANNELE.- Ok, assieds-toi !

CAROLINE.- Si vous vous asseyez. C’est seulement pour nous. Comme ça nous aurons un point de référence émotionnel à comparer à plus tard dans le traitement.

(...)

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