Éditions Espaces 34

Le chevalier d’El Dorado

ISBN : 2-907293-21-4, 15x24 cm, 280 p., 18,29 €

1995

Présenté et traduit de l’espagnol (Colombie) par Georges Lomné, suivi d’une correspondance inédite entre l’auteur et Stefan Zweig.

Les premiers livres de Germán Arciniegas (né à Bogotà en 1900) lui valurent l’estime et l’amitié de Stefan Zweig, comme en témoignent les lettres inédites figurant en annexe.
En faisant en sorte que Le chevalier d’El Dorado soit traduit par Viking Press, son éditeur américain, Stefan Zweig conféra à Germán Arciniegas une envergure internationale.
D’autres traductions en américain suivirent, mais aussi en allemand, en italien, en roumain, en hongrois...

Extraits de presse

« En donnant à la France cette merveilleuse traduction, sensible et empreinte de toute l’émotion sud-américaine, Georges Lomné y ajoute le plus beau des cadeaux, la correspondance inédite entre Germán Arciniegas et Stefan Zweig. En effet, nous dit Georges Lomné, Stefan Zweig, d’emblée, a aimé ce livre. Il suggéra d’ailleurs son titre définitif, Le Chevalier d’El Dorado, et intervint auprès de son éditeur new-yorkais pour qu’une traduction soit faite en langue anglaise. La publication eut lieu alors même que les États-Unis entraient en guerre en décembre 1941. L’image d’un Conquistador, à la poursuite d’un mythe, ne pouvait que fasciner l’écrivain autrichien, gentilhomme du Royaume des Lettres, contraint lui-même à l’errance en terre américaine. [...]

Georges Lomné, nous rappelle que l’auteur de cet ouvrage, « Germán Arciniegas, vient d’être couronné le mois dernier à Mexico par le prix Alfonso Reyes dont les sud-américains aiment à dire qu’il s’agit de « leur prix Nobel ». A 95 ans, au terme d’une trajectoire politique et littéraire assez étonnante, il s’affirme chaque fois davantage comme une sorte « d’Ernst Jünger d’outre-Atlantique » ».

[Le Journal de l’université, Marne-la-Vallée, 9 octobre 1995]


« Un mois après avoir fait la connaissance de Germán Arciniegas, il l’informe qu’il a démarché auprès d’un éditeur new-yorkais pour qu’une traduction de son livre soit mise en chantier, mais aussi qu’il a parlé de lui à Afrania Peixoto, « le meilleur écrivain et historien en Brasil », dont il lui communique l’adresse. Dévouement fougueux, que vient tempérer une nouvelle affligeante : la mort de l’ambassadeur cubain Hernández Catá, victime d’un accident d’avion alors qu’il revenait d’une conférence où on l’avait invité sur le conseil de Zweig. Difficile pour Zweig de ne pas voir dans cet événement un avatar de la « malédiction » qu’il accusera, dans Le Monde d’hier, d’avoir causé le décès brutal de deux grands comédiens autrichiens, sur le point d’interpréter l’une de ses pièces.

Zweig s’adresse familièrement à son nouvel ami : « Mon cher Germán Arciniegas,... ». Il doit être fier de jouer à son tour le rôle du glorieux aîné, celui que jouèrent auprès de lui les Freud, Schnitzler et autres Rolland. L’enthousiasme d’Arciniegas ne démérite pas de celui dont faisait alors preuve le jeune Zweig. Dans sa réponse, l’écrivain colombien lui donne du « Cher Maître » et consacre un long paragraphe à des remerciements. Concevant sa rencontre avec Zweig comme une bénédiction, il ne s’étonne pas que le projet d’édition new-yorkaise soit en bonne voie : « Pour moi, il était évident que votre lettre ne pouvait engendrer d’autres résultats ». Zweig avait promis de faire tout son possible, et il s’y tiendra tant qu’il n’aura pas obtenu gain de cause. The Knight of El Dorado paraîtra en janvier 1942, fruit de la plus obstinée des volontés. Arciniegas lui en sera à jamais reconnaissant.

[Bulletin de l’association Stefan Zweig, mars-avril 1996, n° 8]


« Un grand livre. Certainement l’un des plus beaux textes traduits d’expression hispanique en 1995. Beau sujet. Merveilleux auteur. Rien d’étonnant à ce que Stefan Zweig ait forcé sa traduction en langue anglaise, alors même que les États-Unis entraient en guerre.

L’auteur, un jeune diplomate colombien, propose une filiation entre Don Quichotte et Don Gonzalo Jiménez de Quesada, conquistador à la poursuite du mythe d’El Dorado, cette contrée fabuleuse et imaginaire s’identifiant à l’or, laquelle donnera lieu à plusieurs quêtes, toutes infructueuses [...]

Le présent ouvrage reste comme un chef-d’œuvre de la biographie romancée, de la biographie littéraire dont l’avant-guerre connut l’âge d’or. »

[Bulletin critique du livre français, juin-juillet 1996]


« Germán Arciniegas s’était lié d’amitié avec Stephan Zweig, qui l’avait aidé à se faire éditer à New York en 1939. De là vient que leur correspondance figure en annexe à la fin de l’ouvrage. Il a fallu plus d’un demi-siècle pour que le public français puisse disposer d’une traduction dans sa langue.

Qui donc était ce « chevalier d’El Dorado » qui est le sujet de cette biographie ? Don Jiménez de Quesada, conquérant de la Nouvelle-Grenade [...] se montra tantôt aussi avide et cruel que les autres conquérants, tantôt plus clément avec les indiens. Disposant au début de moins d’un millier d’hommes, il avait réussi à donner à l’Espagne un territoire presque aussi vaste que le Mexique de Cortés. [...] Il écrit le récit de ses expéditions, bataille encore contre les indiens révoltés. [...] Le dernier chapitre rappelle les raisons pour lesquelles il est infiniment probable que notre Quesada servit à Cervantes pour son don Quichotte.

Ce récit vivant n’a rien perdu de sa valeur depuis qu’il a été écrit. Il est assorti d’un lexique utile et d’une carte ancienne.

[François Weymuller, Historiens et géographes, nov. 1996, n° 355]


« Zweig se passionna pour la théorie émise par Arciniegas selon laquelle Cervantès se serait inspiré de la vie du Conquistador de la Nouvelle-Grenade pour écrire celle du Don Quichotte. A l’époque, l’idée que Cervantès était un converso (un juif converti) commençait à se répandre. Zweig a pu percevoir dans le « Chevalier à triste figure » une sorte de transposition épique de l’archétype d’Ahasvérus, le juif errant. Mais, ce qui passionna le plus Zweig était qu’un personnage de chair ait pu l’incarner. N’avait-on pas également émis l’hypothèse que Quesada, né à Cordoue, aurait été lui aussi un converso en raison de son ascendance ? La remarque a été faite qu’à la ville qui lui servit de base pour sa conquête du Haut Magdalena il donna le nom de : La Tora. Il est malaisé, à moins de retrouver l’exemplaire du livre annoté par Zweig, de savoir si l’auteur autrichien avait relevé ce dernier élément. Sans conteste, un Conquistador qui maniait la plume à l’égal de l’épée, et qui avait résolument choisi d’être au lieu d’avoir, méritait de figurer de plein droit au panthéon des grands héros de l’Esprit. [...]

Ajoutons que Zweig avait reconnu chez Arciniegas des mérites littéraires de nature identique aux siens : « la clarté de l’exposition de la matière, la documentation exacte sans encombrement avec des détails superflus et ennuyeux, et surtout ce style animé qui vous a rendu un des maîtres incontestables de la prose espagnole d’aujourd’hui. »

[Georges Lomné, « Le renoncement à l’utopie sud-américaine », Magazine littéraire, fév. 1997, n° 351]


« Signalons un livre fabuleux d’un intellectuel récemment décédé presque centenaire, German Arciniegas, ami de Stephan Zweig. Dans Le Chevalier d’El Dorado, il raconte le choc de deux cultures à travers la folie aventureuse de Jimenez de Quesada, le fondateur de Bogotà. »

[24 heures, 24 avril 2000]

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