Éditions Espaces 34

Théâtre contemporain

Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.

Les chants du silence rouge

ISBN : 2-84705-023-X
EAN 9782847050233
13x21 cm, 96 p., 12,50 €
9 personnages, distribution variable
Ouvrage publié avec le soutien du Centre national du livre

2008

La pièce retrace l’épopée tragique des Indiens, depuis la cosmogonie légendaire de leurs origines jusqu’à leur anéantissement dans les réserves ou les grandes villes américaines.

La construction des Chants du silence rouge s’étend sur trois générations, et prend la forme de cercles successifs.

Les personnages sont avant tout une parole. Ils disent la culture indienne assassinée, l’histoire collective de ceux qui ont été détruits au contact d’une « civilisation » qui a nié leur identité.


Des Indiens

à propos des Chants du silence rouge

Il m’intéressait peu de savoir s’ils étaient rouges, blancs ou jaunes, s’ils portaient des plumes et s’ils vivaient sous des tipees.

Différents, lointains, inconnus, inapprivoisables à moins de partager leur vie, inappropriables à moins de lire quelques centaines d’ouvrages et encore ! Je n’avais pas pour tâche de les rendre réels, mais vivants.
Possédant un langage et un mouvement.

Le mouvement serait davantage le matériau du metteur en scène, il m’appartenait plutôt de trouver le langage.
Le terme de Chant s’est imposé comme fondateur et formateur de cette parole indienne. J’ai entendu avant d’écrire. Au lieu de découper l’histoire en scènes ou en tableaux, je l’ai découpée en chants. Au lieu de penser dialogues j’ai pensé voix.
Derrière chaque voix un personnage se profilait. Les personnages sont ainsi nés de leur parole.
Mis en rapport, ils constituaient un Monde, un cheminement. Pas de psychologie personnelle. Ils n’existaient que pris dans la conscience collective de la tribu.

Personnages d’avant la psychanalyse, types d’individus empreints par le mythe et l’Histoire collective. Et cependant leur parole n’était jamais que la mienne, résolument moderne.
Aucune convention théâtrale, une absence totale et délibérée de didascalies ou d’indications scéniques, psychologiques - caractérielles à mon sens pour un texte tel que je l’avais choisi. L’oralité contre l’écrit, la matière contre la structure, l’invocation contre la description (l’évocation), le type contre l’individu, l’écoute contre l’interruption, l’échange contre le dialogue. Du chant plutôt que du monologue.

Dès lors j’ai simplement fait se répondre quelques personnages entre eux, le long chant demeurant la base de toute parole, lieu obligé des grandes décisions (Chants avant l’exil, chants de la mort, chant de l’initiation...).

L’histoire a fini de se dérouler comme une partition.

Claudine Galea

A propos du livre

« La lecture des trois "cercles" successifs qui composent ce poème dramatique donne à entendre une voix singulière plus proche de l’Ange de l’histoire de Walter Benjamin, reprise en écho des combats et des affres des vaincus, que de l’ethnologue amateur ou du réducteur de mythes. Le poète engage ici un dialogue avec les ombres, qui touche par sa rigueur et sa retenue. "Je n’avais pas pour tâche de les rendre réels, mais vivants", note Claudine Galéa. Et c’est en effet la vertu de ces versets jamais hiératiques ou sentencieux, mais tendus par une langue économe et évocatrice, exempte de tout stéréotype, que de nous restituer le souffle - haleine et verbe - de ces individus réifiés en "indiens" dans l’imaginaire collectif.

(...) La poésie s’en fait ici le témoin de l’intérieur, le porte-voix intime, et ce carambolage au ralenti de l’intime et du politique n’est pas la moindre force de l’ouvrage.

Un grand beau texte, pour un théâtre de parole à l’ample résonance. »

Enzo Cormann

Vie du texte

Lecture lors de TEXT’AVRIL, semaine de l’écriture contemporaine proposée par Patrice Douchet, Théâtre de la Tête noire à Saran, sous la direction de Anne Courel, compagnie Ariadne, le 2 avril 2008.

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