Éditions Espaces 34

Théâtre du XVIIIe siècle

Essais et pièces rendant compte de la grande variété de formes du théâtre du XVIIIe siècle

Pygmalion, suivi de Arlequin marchand de poupées

ISBN : 978-2-84705-100-1
EAN : 9782847051001

13x21cm, 60 p. , 11 €

Publié avec le soutien de l’Agence Nationale de la Recherche au sein du programme POIESIS, de la Région Pays de la Loire et de l’Université de Nantes

2012

Pygmalion de Jean-Jacques Rousseau
suivi de Arlequin marchand de poupées ou le Pygmalion moderne, parodie de Charles-Jacob Guillemain

Présentation de Pauline Beaucé

Pygmalion est la plus forte et la plus conséquente des innovations musicales de Rousseau : un mélodrame, où les soliloques du personnage sont séparés par de la musique orchestrale.

Quatre ans après la création parisienne du Pygmalion, Guillemain ose mettre cette œuvre exigeante à portée du théâtre de boulevard en imaginant son avatar burlesque. Dans sa parodie, il substitue Arlequin au légendaire sculpteur des Métamorphoses d’Ovide dont s’était inspiré Rousseau.

Tandis que Pygmalion sombre dans la folie en devenant amoureux de sa resplendissante statue Galatée, celle qui inspire l’amour à Arlequin n’est qu’une poupée, tirée d’une vieille armoire du fond de sa boutique, qui occasionne les minauderies les plus comiques.

En rapprochant ces deux œuvres sœurs, Pauline Beaucé, à qui on doit la redécouverte d’Arlequin marchand de poupées, confronte niveaux populaire et classique de la langue musico-théâtrale, dans la grande tradition parodique, pratique caractéristique du spectacle musical populaire parisien au XVIIIe siècle.

Claude Dauphin, musicologue

Extraits de presse

« (...) Voici donc une livraison qui élargit le corpus parodique à la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Elle place en vis-à-vis le mélodrame de Rousseau (Pygmalion, scène lyrique, p. 21-28) et l’œuvre d’un parodiste prolixe des années 1780, Charles-Jacob Guillemain (1750-1799) : Arlequin marchand de poupées (p. 31-52), créé le 24 mai 1779 sur le théâtre du sieur Lécluze (futur théâtre des Variétés-Amusantes).

Pauline Beaucé (…) resitue d’abord l’ouvrage de Rousseau dans la réflexion du philosophe sur le récitatif, puis son double parodique dans l’émergence d’un genre, le mélodrame. En quelques lignes et en deux œuvres, le volume établit un point de jonction entre une forme ancienne, la parodie sur des airs connus, et une autre, appelée à proliférer au XIXe siècle, suivant des voies distinctes, cette fois, du vaudeville.

L’intérêt majeur de l’édition proposée, outre la découverte de cet ouvrage totalement inconnu jusqu’alors (…) tient dans le parti pris, à la fois érudit quant à la restitution des airs employés et pratique, suivant une présentation des airs immédiatement utilisable pour une lecture ou une représentation.

L’introduction et les notes apportent des éclairages complets sur les 22 interventions musicales qui ont fait l’objet d’une enquête fine sur leur provenance, sur leur signification originelle et sur leur utilisation dans la pièce. Les timbres musicaux sont insérés dans le texte, sous les incipits qui ont permis de les identifier, ou bien ils sont joints en fin de volume lorsque la longueur et la formation instrumentale requièrent un peu d’espace, ou parce qu’une alternative est proposée.

L’édition profite donc pleinement de l’expérience acquise par l’ensemble de l’équipe (…) »

[Patrick Taïeb, Transposition, mars 2013]


« Cet élégant petit volume adjoint au texte de la « scène lyrique » de Jean-Jacques l’œuvre inédite de Charles-Jacob Guillemain, Arlequin marchand de poupées ou le Pygmalion moderne, que son auteur n’appelle pas « parodie » mais « scène lyrique comique ».

A cette dernière Pauline Beaucé joint un travail musicologique (…)
le texte dit par Arlequin est vif, parfois argotique, parfois touchant.
Annotation attentive et précise »

[Martine de Rougemont, Revue Dix-Huitième siècle, 2013/1, n°45]


« L’édition par les soins de Pauline Beaucé du Pygmalion, scène lyrique de Jean Jacques Rousseau (1771), accompagné d’une réécriture parodique par Guillemain, Arlequin marchand de poupées (1779, surnommé le Pygmalion moderne) est plus que bienvenue. La série de festivités, colloques, publications et événements autour du tricentenaire de Rousseau en 2012 et au delà, a permis de remettre à l’honneur ce petit chef d’œuvre du philosophe, trop méconnu du grand public. (…)

Si l’œuvre se prête aisément à une rapide lecture silencieuse, elle avait néanmoins prioritairement été conçue par Rousseau comme une œuvre musicale. Son Pygmalion est, en effet, un mélodrame : elle se présente sous forme d’une alternance entre les paroles des acteurs et une musique instrumentale qui l’accompagne, et qui a pour but de souligner les mouvements du cœur du personnage. La singularité du mélodrame de Rousseau est qu’il est en outre un monodrame : la pièce entière consiste en un long monologue, rythmé par la musique, que Pygmalion tient dans son atelier devant la statue. (…)

Comme le souligne P. Beaucé, Rousseau entendait renouveler profondément l’art dramatique en donnant son Pygmalion. En effet, la transposition sur la scène d’une fable à l’origine narrative, va de pair avec l’effacement de toute marque de narrativité. La Scène lyrique ne consiste pas, à strictement parler, en la représentation d’une action, conduite par un ensemble de personnages, voire par l’intervention d’un dieu qui contribuerait au dénouement. Dans la réécriture de Rousseau, l’invocation à Vénus n’a de valeur que métaphorique pour la puissance du désir éprouvé par Pygmalion, mais en aucun cas l’animation n’est le résultat d’un miracle divin, comme l’argumente clairement Jean Starobinski dans Les Enchanteresses, selon lequel les dieux sont intériorisés au point de se confondre avec le « moi » de l’artiste amoureux. (…) »

[Nathalie Kremer, Acta fabula, vol. 14, n°6, septembre 2013]

Vie du texte

Lecture-spectacle du Pygmalion , suivi de sa parodie Arlequin marchand de poupées par Jean-Philippe Desrousseaux, musique par Loïc Chahine, Université de Nantes, le 15 novembre 2012.

Haut