Éditions Espaces 34

Théâtre contemporain

Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.

Guérillères ordinaires

ISBN : 978-2-84705-102-5
EAN : 9782847051025

13x21cm, 80 p., 12,80 €
1 femme, ou distribution ouverte

Publié avec le soutien du Centre national du livre

E-BOOK sur http://e-fractionsdiffusion.com/telechargement/editions-espaces-34/

2013

Ce recueil de trois textes dont la forme est celle du « poème dramatique » est centré sur la figure d’une femme à la fois enchâssée dans son quotidien et emblématique d’une condition.

Dans chacune des pièces, ces femmes sont amenées à prendre position face à ce qui leur est imposé et à réagir envers les autres et elle-même par une violence qui fait écho à celle subie.

Comme le laissent entendre les titres des deux premiers textes, elles sont le reflet contemporain de figures mythologiques ou bibliques qui portent la violence faite de tout temps aux femmes, et leurs réponses.

Lilith à l’estuaire du Han

Seorae, Corée du Sud. Lilith vit avec son mari, Georg, et leurs deux enfants dans le quartier français.

Leur vie est paisible jusqu’au jour où Georg entreprend de creuser un trou dans le mur de la buanderie pour offrir à Lilith une fenêtre par laquelle profiter du soleil et de la vue des arbres de Seorae.

Or Georg ignore que cette buanderie n’est pas qu’une simple pièce fonctionnelle et ménagère. C’est l’abri de Lilith. Sa petite chambre à elle dans laquelle elle garde au frais ses secrets.

Léda, Le sourire en bannière

Léda Burdy est une parfaite hôtesse d’accueil dans l’entreprise Egon Framm, qui porte le nom de son patron.

Un jour, Léda voit ses fonctions remises en cause en raison d’un physique incompatible avec les exigences du marché.

Sanctionnée pour son apparence, Léda lutte en vain jusqu’à ce que son corps se décharne sous le coup de la souffrance. Alors elle n’a plus d’autre choix que de hanter, de manière définitive, le sommeil d’Egon Framm.

La dernière battue

Une jeune femme confesse son premier amour, adolescente. Elle se souvient de la façon dont elles se sont aimées puis comment elle a cessé de l’aimer parce que son père le lui a demandé.

Extraits de presse

« Le théâtre de Magali Mougel est ici et maintenant, même s’il s’approprie parfois de grandes figures emblématiques. Lilith comme Leda sont des femmes modernes, harassées par les exigences des petites divinités irascibles du marché et du patriarcat. La guerre se joue entre deux non-dits et deux renoncements. La guerre, c’est un impératif : soyez économiquement, affectivement, sexuellement et socialement performants.

L’impératif est risible, alors on rit, parce que le rire est un exutoire provisoire, mais on voit bien que le rire ne suffira pas : trop de pressions, trop de tensions, quelque chose va se rompre.
La guerre est à l’œuvre ici et maintenant dans les textes de Magali Mougel, une guerre d’autant plus implacable qu’elle affecte des personnages qui – jamais – ne sombrent dans l’excès ou la caricature. Bien au contraire : les personnages conservent une grande dignité, celle de leur langue : aucun naturalisme ou aucune moquerie dans leur bouche, mais une langue âpre qui pose et repose les questions essentielles, une langue maniaque et domptée qui ne cesse de s’étonner de voir passer à chaque repas le même menu amer et désenchanté. »

[Eric Pessan, décembre 2012]


« Les Guerrillères ordinaires forment une trilogie fondée sur le destin de trois femmes dont nous entendons le monologue. Elles ont face à elles trois figures masculines qui leur font violence, Georg, le mari, Egon Framm le patron et enfin le père chasseur dans le dernier texte. Elles choisissent toutes les trois la violence de la mort pour se libérer. (…)

Elles sont des femmes mythologiques comme des souvenirs du théâtre classique à la langue poétique justement que Corneille dans « son discours sur le poème dramatique » appelait de ses vœux. Lilith est la première femme d’Adam, celle qui refuse la loi adamique. Elle parle à son époux « gros, chauve et alcoolique ». Adam et Georg signifient la terre en hébreu et en grec. Lilith sera un être d’eau, une fille du fleuve Han qui coule à Séoul. Privé de réalité incarnée, l’homme violent ne comprend pas, persécute. Monstre domestique, monstre économique et monstre moral : le père. Mais pourtant les trois poèmes sont des œuvres autonomes aussi.

(…) Il y a dans les textes de Guerrillères ordinaires toujours un point de rupture qui tient de la folie de la parole et de l’approche de la mort décrite ici dans des détails physiques très forts, liquides répandus, chairs desséchées… (…)

Dans La dernière battue, Magali Mougel, une fois encore, fait de la mort une poétique organique.(…)

Dans ce texte, l’apaisement ne viendra pas, la dernière battue est la perte de l’innocence absolue et seul un rire sarcastique, un masque grimaçant (de théâtre) peut clore le rituel du sacrifice. Ça m’a fait rire, dit-elle.

Ainsi les trois textes-monologues de Magali Mougel forment-ils un triptyque sur lequel s’établit la parole tragique, celle de la poésie d’Eros et de Thanatos. »

[Marie du Crest, La Cause littéraire, 16 avril 2013]


« Les guérillères, ce sont trois femmes, aux prises chacune avec un homme, le mari, le patron, le père, trois figures emblématiques du mâle. A travers trois récits courts, trois monologues, l’auteur nous livre des destins tragiques, dont la mort est la seule issue. (…)

Magali Mougel donne à ces textes le nom de poèmes dramatiques, une forme située entre la poésie et le théâtre, écrite dans une langue claire et immédiate, une langue peuplée d’images.
L’écriture fait avancer l’histoire jusqu’au dénouement, inéluctable.

Ces femmes prennent place parmi les héroïnes ordinaires de l’histoire de l’humanité, celles qui depuis la nuit des temps ont choisi d’affirmer leur condition. »

[Patrick Gay-Bellile, Le Matricule des Anges, n°143, mai 2013]


« Ces guérillères ordinaires, ce sont trois femmes subissant un quotidien opprimant auquel elles échappent en suivant leur logique normative.

Le lyrisme des monologues fait montre d’une grande violence aussi bien thématique que verbale, matérialisée par une écriture se resserrant sur l’implicite tout en égrainant sa mélodie.

Lilith à l’estuaire du Han traite d’un drame familial, s’achevant aussi tragiquement que Léda, le sourire en bannière, victime du diktat du travail.

Plus ambiguë, La dernière battue place un amour lesbien au sein d’un milieu de chasseurs. Poignant. »

[L’avant-scène Théâtre, n°1348, septembre 2013]


L’auteur Magali Mougel frappe fort au Poche à Genève_ avec Guérillères ordinaires, Anne Bisang signe un spectacle sensible et âpre, porté par des actrices admirables.

Euripide sort parfois de la machine à laver. Ecoutez Océane Court dans la peau de Lilith. Admirez sa façon presque enfantine d’être guerrière, dans la moiteur de la buanderie d’abord, dans le vent qui mord Seorae, ce bout de la terre où elle vit.

Au Poche à Genève, la jeune interprète révèle la langue de l’auteur français Magali Mougel. L’actrice a la sveltesse d’un mousse sur sa chaloupe, une détermination hauturière – celle aussi de son personnage. Elle joue une femme ordinaire qu’une révolte projette aux marges de l’humanité, une sans-nom qu’une tragédie crucifie en Médée.

A la mise en scène, Anne Bisang signe avec Guérillères ordinaires un spectacle âpre et sensible, ravageur et musical.

Qu’est-ce que Guérillères ordinaires ? Trois histoires de femme en proie à une partition qu’elles n’ont pas choisie, jusqu’au jour où un incident brise le mors aux dents qui semblait leur fatalité. (…)

Dans « Guérillères », il y a guérilla. L’idée d’une révolte dans le maquis des aliénations. C’est ce qui se produit avec Rebecca Balestra, dans le petit tailleur de Léda, préposée à l’accueil dans une entreprise. (…)

Guérillères ordinaires évoque Marguerite Duras. Les mots de Magali Mougel sont des la (r) mes.

[Alexandre Demidoff, Le Temps, 9 décembre 2015]


« Zoom sur ces poignantes Guérillères ordinaires, sorte de poupées russes contenant elles-mêmes trois monologues intérieurs, où il est tour à tour question de l’inconfort familial sous l’oppression maritale (Océane Court), du malheur d’un corps qui n’est plus calibré pour répondre à la norme professionnelle (Rebecca Balestra), puis des difficultés à aimer une fille (Michèle Gurtner).

On s’attachera particulièrement à cette fuite du réel en première partie de spectacle, la plus longue, où Océane Court oscille avec éclat entre l’espace du dedans et du dehors : Seorae résonne comme un paysage lointain, un orient durassien, où le bruit du vent frôle la maisonnée de Lilith.

Dans pareille contrée imaginaire vit cette femme autour de la quarantaine, choyant ses enfants. Prisonnière de son enfermement domestique, dans un état de délabrement intérieur pareil au mur détruit à coups de massue par son mari pour y ouvrir une fenêtre sur le jardin, elle étouffe entre les cloisons du foyer. A cette percée de lumière, elle préfère « sentir le silence de la buanderie comme une petite musique de nuit »…

Un poème intime et dramatique qui se déroule dans le bruissement de la poésie, le fil des métaphores, les digressions sur le désir disparu en écho à Virginia Woolf, où la comédienne déploie la force d’un jeu ardent, finissant par exulter son incapacité à s’accommoder d’un état qu’elle renie.

Le talent de la dramaturge réside là : poétiser la souffrance d’une femme piégée par sa domesticité en la libérant de ses entraves grâce à la puissance du récit. Cette « guérillère »-là, et ses comparses, valent le détour. »

Cecile Dalla Torre, Le courrier, 23 décembre 2015]


« Dans ce mouvement visant notamment à démasquer les systèmes de représentation et d’identité sexuée et sociale ainsi qu’à déconstruire les mythes, remettre en cause l’archétype mensonger de la belle apparence et des certitudes toutes faites, Magali Mougel semble rejoindre, jusque dans une noire ironie pressée à froid, la lauréate du Prix Nobel de littérature en 2004, l’Autrichienne Elfriede Jelinek.

La littérature en devient un acte de résistance et d’interrogation parfois dérangeante, voire insaisissable contre de nombreuses formes d’aliénation et use de la langue comme « une blessure qui ne guérit jamais », selon l’expression chère à Jelinek. (…)

C’est sans doute pourquoi les écrits de Magali Mougel même s’ils recèlent un aspect non figuratif sont toujours étroitement liés au corps. Les textes se constituent des lignes juxtaposées d’un poème dramatique capables de construire pour lui des couvertures de survie mais aussi des couches de linceul et des lignes serpentines capables capable d’atteindre le tréfonds de la maison de l’être où le loger, lui et son crime en gésine. (…)

[Bernard Tappolet, Genève active , 23 janvier 2016]


« Usées et abusées, victimes du patriarcat, contraintes dans leurs corps, mais libérées par les mots de Magali Mougel qu’Anna Zamore met en scène avec délicatesse : trois femmes blessées, trois femmes puissantes…

Des femmes faites de toutes les femmes, qui les valent toutes et que vaut n’importe laquelle de celle qui retrouvera nécessairement dans leurs histoires un éclat, un fragment, un souvenir de la sienne.

Car Lilith, qui protège ses secrets dans sa buanderie, Léda, qui apporte sa colère dans le chalet de son ancien patron ou « la dernière battue », qui confesse ses amours interdites, sont les figures emblématiques d’une oppression quotidienne que les hommes imposent aux femmes avec le naturel qu’a toujours la force quand elle se prend pour la loi…

Anna Zamore choisit la finesse et la grâce pour dire la brutalité subie. »

[Catherine Robert, La Terrasse, 25 juin 2021]


« Trois figures féminines Lilith, Léda, la batue. Trois monologues féminins. Toutes, les trois liées par une oppression quotidienne, une invisibilité de leurs souffrances.

Lilith à l’estuaire du Han (…) Ce qui est fascinant, c’est de voir son visage humain se transformer lentement, de façon continue en une face haineuse : spectacle de l’hésitation entre vie et mort ? Que cache t’elle d’elle même à Georg ? In fine quel est le projet de Georg ?

Léda c’est le sourire en bannière (…) Ce qui est fascinant chez Léda, c’est la volonté, certes brisée, qui s’exprime pour sortir de son abîme ; ne plus se vivre comme un cadavre exquis. Quelle sera sa vengeance ?

La dernière battue (…) Au sol, un tas de terre et de feuilles mortes jonchent le sol. Qu’a-t-il pu se passer là ? Il y a comme un arrêt sur l’image tant la compréhension de l’abominable lui saute aux yeux.

La mise en scène est soignée, habillée. Elle contribue à mettre en valeur les trois tableaux successifs : le premier tableau convoque le feu et l’océan. Le deuxième tableau, la neige, le lac gelé et l’aube. Et le troisième tableau, un tas de terre et de feuilles mortes jonchent le sol. »

[André michel Pouly, Le Bruit du off, 18 juillet 2021]


« Dans les trois monologues, la présence des éléments et de la nature est importante (le vent dans les arbres pour Lilith, le lac gelé et la neige pour Léda, la forêt et la terre pour la battue), rapprochant ces trois figures de l’universel et s’inspirant de la mythologie, pour en faire de vraies héroïnes modernes de tragédie. L’écriture circulaire de Magali Mougel vrille inlassablement les obsessions et les angoisses des protagonistes, décrivant leur lente agonie jusqu’au malaise.

La conception efficace de la bande-son (paysage sonore très prenant de Tony Bruneau), de la scénographie (Alexandra Ancel et Nicolas Marquet) ou des lumières (travail subtil de Natacha Boulet-Räber), sans oublier les émouvantes chorégraphies de Leonard Montecchia confèrent à ces trois lourds récits des ambiances particulièrement fascinantes et une éclatante beauté.

Dirigés avec sobriété et précision par Anne Zamore, les trois comédiennes dans des styles de jeu différents mais avec la même conviction donnent à ces poèmes contre l’oppression masculine une puissance peu commune qui ne faiblit pas, gardant le spectateur captif.

Avec "Guérillères ordinaires", Anne Zamore livre un spectacle résolument féministe dont la déflagration salutaire persiste bien après sa fin. »

[Nicolas Arnstam, Froggydelight, juillet 2021]

Le texte à l’étranger

Traduction de Leda, le sourire en bannière en espagnol par Maria Canela Ochoa, 2019.

Vie du texte

— Léda, Le sourire en bannière

Texte issu d’une commande de la compagnie Les yeux comme des Hublots (Rosheim) à l’occasion de l’exposition Anselm Kiefer, Musée Würth (Erstein), sous le titre Femmes / Frauen.

Mise en espace au cœur de l’exposition par Muriel Brzeznicki et Claudia Pellarin-Raveau, 20 septembre 2011.

Lecture in progress dirigée par Philippe Labaune, Théâtre du Verseau, avec Leïla Brahimi, Centre européen de Poésie d’Avignon, du 23 au 27 juillet 2012.

Création dans une mise en scène de Philippe Labaune, Théâtre du Verseau, avec Leïla Brahimi, Scène Rhônes-Alpes de Saint Martin d’Hères, 22 et 23 avril 2014.


— La dernière battue

Texte issu d’une commande de Michel Didym, Théâtre de la Manufacture - CDN de Nancy dans le cadre du projet Confessions, à l’occasion la manifestation Neue Stücke – Semaine de la dramaturgie allemande.

Mise en scène par Michel Didym au Théâtre de la Manufacture,du 30 mars au 7 avril 2012.


Lecture par l’auteure dans le cadre des « Amies d’Olympe », organisé par Orphéon-Bibliothèque de théâtre Armand Gatti, 5 octobre 2013.


Création au Théâtre de poche à Genève des trois pièces dans une mise en scène d’Anne Bisang avec Rébecca Balestra, Océane Court, Jeanne de Mont, Michèle Gurtner en décembre 2015, janvier et février 2016.

Tournée 2017-2018
— TPR - Centre neuchâtelois des arts vivants, La Chaux-de-Fonds (23), du 8 au 12 mars 2017
— NEST à l’occasion du Festival Court Toujours 2017, Thionville, le 23 septembre 2017.
— Scènes du Jura, La Fabrique, Dôle (39), du 3 au 5 avril 2018.

Tournée 2019
— Scènes des Vosges, Epinal (88), le 14 mai


Le comité de lecture des LabOrateurs a choisi de faire entendre les trois textes sous forme de lectures en continue de 10 minutes à travers les vitrines des librairies partenaires : O les Beaux Jours, Terra Nova, Terres de Légendes à Toulouse, le 8 mars 2016.


Mise en scène d’Elisabeth Barbazin avec Léa Masson, lors du Festival de caves du 18 au 24 juin 2018.


Mise en espace dans le cadre des Officieuses du Théâtre Artéphile par la compagnie Les Grisettes le 21 juillet 2019 avant la création.

Création dans une mise en scène d’Anna Zamore, avec Frédérique Dufour, Evelyne Torroglosa, Lou Heyman, au Domaine d’O, Montpellier, les 6, 7 et 8 novembre 2019.

Tournée 2023
— Espace Fayolle, Guéret, 19 janvier
— Scènes Croisées de Lozère & Ciné-théâtre La Forge (Villefort 48), 26 janvier


Nouvelle création par la Compagnie Le Bleu miroir, dans une mise en scène et scénographie de Hugo Gervex, avec Perrine Rouland, Laurène Andrieu, Isaure Marigno et Fanny Tuffet, Théâtre Rikiki (Lyon), le 11 mars 2022.

Tournée 2022
— Théâtre L’Espace 44, Lyon, du 22 au 27 mars
— Théâtre du Gai Savoir, Lyon, du 7 au 9 octobre


— La dernière battue

Création dans une mise en scène de Laura Brillard, compagnie de l’Eventuel, avec Marion Lestang, Maison des Edudiants de Poitiers, le 12 avril 2022.

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