Éditions Espaces 34

Hors cadre

L’espace littéraire se transforme. Les écritures d’aujourd’hui demandent à être accueillies au-delà des zones définies par des termes qui enferment. L’important n’est pas l’identification catégorielle mais la pulsion qui préside à la langue et à la pensée et qui donne à la littérature ses multiples formes. Cette collection est ce lieu pour des voix, des fictions qui appellent la parole et le corps. Un trouble dans les genres, des forces en mouvement, du désir, de l’audace, de l’invention.

Un sentiment de vie

ISBN : 978-2-84705-249-7
EAN : 9782847052497

13x21cm, 56 p., 12.50 €
Publié avec le soutien du Centre national du livre

2021

Comment éprouver le sentiment d’être en vie, le préserver, en garder la beauté ?

C’est ce qu’interroge Claudine Galea dans un texte à la lisière des genres qui creuse la matière-même de l’écriture par une langue multiple (souvenirs, propos, fantasmes, ressouvenirs, citations, extraits...).

L’écriture est ici dans la chair. Si elle parle nommément, clairement, de son histoire (son père, la guerre d’Algérie, les souvenirs de cela), l’écrivaine est aussi devant nous habitée par la présence vivante de la littérature, sans distinction entre passé et présent (Büchner mais aussi Falk Richter, un « frère » d’écriture). Comme une communauté de personnages et d’êtres hantés qui nourrissent et portent la pensée, la dramaturgie, la langue, le possible d’une écriture.

Aucune considération de soi à soi mais une transcendance vers des questions essentielles, existentielles.

Revue de presse

« Convoquant ses souvenirs, des bribes de mythologie familiale, comme ses « frères en écriture », Claudine Galea interroge la langue qui s’incarne sur le corps, le hante, y enracine une éthique et une esthétique toujours vibrante, palpitantes, intranquilles aussi.

Fuite, urgence, transe, et dans. Ecrire ? un manifeste qui ne sauve de rien, mais préserve l’élan. »

[Philippe-Jean Catinchi, Le Monde, 1re juillet 2021]


« Ce dialogue-monologue avec son père mort s’entremêle avec des paroles de poètes, d’écrivains et de chanteur : Falk Richter, Georg Büchner, Baudelaire, Marina Tsvetaieva, Frank Sinatra…

Un texte intime, incandescent qui jaillit comme des coulées de lave er pose cette question brûlante : comment préserver le sentiment de vie ? (…)

Une lutte acharnée s’engage alors, avec l’écriture et la littérature comme horizon. »

[Laurence Cazaux, Le Matricule des Anges, n°225, juillet-août 2021]


« Jean-Michel Rabeux met en scène le rêve d’une autrice écrivant enfin la force de son amour pour son père depuis des années. Claudie Degliame et Nicolas Martel offrent voix et musique à l’écriture charnelle de Claudie Galea. »

[Catherine Robert, La Terrasse, septembre 2021]


« On pourrait être chez David Lynch, perdu dans les limbes d’un inconscient torturé. Une lumière cendrée baigne un plateau quasiment nu.

En fond de scène, un homme en redingote court, apeuré, dans une montagne enneigée  ; son image, filmée au ralenti, est projetée sur un écran de tulle. À droite, ce même homme se tient là, devant nous, inerte est inexpressif, une canne à la main.
Tandis qu’à gauche, une femme, la petite soixantaine, cheveux gris coupés courts, se masse les tempes, assise sur une chaise. Cette femme est autrice. (…)

Tout, ici, se joue dans la cadence des mots et la scansion des comédiens. La diction de Claude Degliame, dans la peau de l’autrice, est d’une précision d’horloger. Avec une présence digne d’une chanteuse punk, bravade et magnétique, elle fait entendre la douleur des non-dits qui se transmettent de génération en génération.

Nicolas Martel, qui incarne à peu près tous les autres personnages sans se départir de sa redingote, anime le plateau avec ses interprétations de Frank Sinatra et son jeu de guitare minimaliste, exclusivement rythmique.

La réussite de ce spectacle tient à la direction de ce duo, étrangement dépareillé, mais diablement attachant.

[Igor Hansen Love, Scene web, 30 septembre 2021]


« Falk ». Le mot, le nom apparaît dès la seconde ligne du texte de Claudine Galea Un sentiment de vie. Dit par Claude Degliame qui nous regarde avec des yeux irradiés d’une lumière intérieure, ce n’est plus un mot, ni le prénom d’un dramaturge allemand, c’est un talisman, un râle fondateur, une injonction chamaniste. « C’est Falk qui m’a donné l’élan » écrit Galea, , « Je vais dire Falk comme si je tutoyais Falk comme si je connaissais Falk » poursuit-elle, une phrase que Claude Degliame porte jusqu’à la déflagration incantatoire. Falk Richter a écrit My secret garden sur son père et c’est ce texte qui aide Claudine Galea à écrire sur son propre père, son jardin secret. (…)

Là-bas, c’est l’Algérie. D’un janvier l’autre, de Falk à PAPA, le texte multiplie les échos et l’actrice les amplifie. Après « Falk », expulsé par la bouche de Claude Degliame, en lettres capitales, dans la gorge de l’actrice, le mot « PAPA » se brise. (…)

Büchner-Lenz, Falk sont comme des mains amis qui se penchent sur l’épaule de Galea pour mieux l’épauler lorsqu’elle écrit ce texte remuant le cloaque familial, le père d’abord.

[Jean-Pierre Thibaudat, Le Club de Médiapart, 4 octobre 2021]


« Un sentiment de vie, plus qu’une histoire d’amour tâchée de haine et de non-dit entre une fille et son père, c’est l’histoire d’une écriture qui se tisse de souvenirs, entre l’Histoire et l’histoire, des traces pas très propres d’une sale guerre, celle d’Algérie, des colonies, de son empreinte tenace sur le linge sale de la famille, de la mort au travail et de l’absence. (…)

L’histoire d’une écriture donc, d’une autrice qui écrit, qui écrit comment écrire tout ce maelstrom, de la genèse d’un récit, qui prend appuie sur un autre récit, une déflagration pour Claudine Galea, « My secret garden » de Falk Richter, une histoire de père là-aussi. Falk Richter qui cite le dramaturge allemand Lenz, traversant les Vosges et sa folie. Et Büchner lui aussi citant Lenz.

Et ces trois sont comme des rhizomes souterrains innervant et surgissant par effraction soudaine l’écriture de Claudine Galea, lui donnant son impulsion et sa raison, sa contradiction parfois. Histoire de folie, de mélancolie où l’écriture offre ce « putain de sentiment de vie », à se sentir vivant et de bâtir des récits, des mondes puisés à la source du monde et de soi. (…)

Claudine Galea met à plat le processus de son écriture qu’elle inscrit au cœur d’une généalogie littéraire, qui puise dans les traumatismes du monde et de chacun, de soi, écriture qu’elle révèle dans sa fragilité, sa brutalité, sa férocité, sa voracité, sa vitalité et son urgence. Charnelle et puissante. Sans concession. (…)

L’écriture de Claudine Galea est une étoffe à la trame serrée que Claude Degliame déchire, effiloche, fils après fils, chaines après chaines, pour en percer le mystère, la structure et le dessin.

Le résultat est là, bouleversant, inscrit dans ce corps fébrile et ses mains qui griffent l’espace. L’écriture prend littéralement corps, pèse de tout son poids de chair écorchée, d’amour blessé.

Un homme est là qui écoute, Nicolas Martel. Il est le père, il est Richter, il est Büchner, il est Lenz en sa folie. (…) Il est génial Nicolas Martel qui résiste à la dévoration de Claude Degliame. »

[Un fauteuil pour l’orchestre, 8 octobre 2021]


« Nous y sommes en plein cœur, avec une nuance décisive : cette rencontre n’est pas un projet mais le noyau même de cette écriture qui se veut impure : constituée de fragments de mémoire d’écrivains qui s’imposent dans cette élaboration. (…)

Ce compte-rendu pourrait faire croire qu’il s’agit de quelque chose de très abstrait. Non, le texte ne l’est pas. Tissé de sensations, souvenirs et sauts dans le temps il fourmille avec la brutalité de l’enfance, de vie et de vies.

Le metteur en scène a monté la pièce de façon plus posée et de plus en plus concrète vers l’injonction finale : écris, écris, écris, même si c’est un gouffre d’exigence qui pousse au suicide… La réussite : cet appel et cette exigence n’ont rien de sombre ou négatif. C’est la vie même, l’excès de vie.

Le spectacle, apparemment énigmatique, ne promet rien et donne beaucoup, avec une belle et dense simplicité. Et il gagne le défi contenu dans le titre et nous offre un sentiment de vie… »

[Christine Friedel, Théâtre du Blog, 8 octobre 2021]


« L’intertextualité met Falk Richter en relation avec un jeune allemand Lenz, dont un grand dramaturge allemand Georg Büchner, socialiste révolutionnaire, raconte sa traversée des Vosges en 1777.

Ingeborg Bachmann, Robert Musil, Rainer Maria Rilke, Paul Celan, Marina Tsvetaeva, Virginia Woolf, des êtres passionnés, impulsent une histoire française dans le jardin secret de l’autrice. Car l’écriture rime avec impur.

Tous ces textes, qui passent entre les phrases de la camusienne Claudine Galea, nous parlent aussi de son écriture, et de ses interrogations qui touchent notre esprit, au détour d’une phrase, d’un mot, d’un verbe, sans ponctuation. Même si c’est difficile pour l’autrice d’écrire l’histoire de son père, et des souvenirs qui vont avec.

Un sentiment de vie, c’est la fin, et ce n’est pas la fin, de l’amour d’une fille pour son père, puisqu’elle le prolonge dans son secret garden. »

[Dashiell Donello, Le Blog Les Dits du Théâtre, 22 octobre 2021]


« Un sentiment de vie ne parle que de l’acte d’écrire, au-delà de ce qui se joue sur son père militaire, le colonialisme et la mort. Tout converge vers l’écriture, ce besoin impérieux de dire. (…)

Claudine Galea touche au sublime en s’emparant du pouvoir suprême de l’écriture : dialoguer avec ceux qui ne sont plus. »

[Interview d’Émilie Charriot par Thomas Flogel, Poly, n°253, janvier 2023]


« Magnétique comédienne Valérie Dréville. Un seul en scène pour une lettre d’amour d’une rare intensité. Celle d’une fille à son père, d’une écrivaine aux mots qui disent la vie. (…)

Texte dense, puisant, magnétique. »

[Thierry Sartoretti, ld, février 2023]


« Sous la direction de la jeune et talentueuse metteuse en scène Émilie Charriot, Valérie Dréville fait le pari de la simplicité la plus radicale pour nous faire entendre Un sentiment de vie, un des plus beaux textes de Claudine Galea.

Face aux spectateurs, immobiles ou presque, elle nous fait saisir la force poétique du texte, simplement par l’intelligence de son jeun, l’expression de son visage, le mouvement de ses mains, les nuances, la tonalité de sa voix.

On perçoit aussi bien la mélancolie, la gravité, l’humour que la profondeur de l’écriture de Claudine Galea. (…)

Un sentiment de vie, c’est aussi une magnifique réflexion de Claudine Galea sur la littérature, sur des écrivains marqués par la solitude et un destin tragique, comme Lenz ou Büchner qui, avec Falk Richter, sont au centre de son texte. Mais aussi sur sa propre écriture. »

[Ubu APite, janvier 2023]


« Introspectif, le flot de paroles de Galea (structuré comme tel à l’écrit, sans ponctuation, seulement séquencé en trois chapitres) mêle l’examen de sa propre jungle intérieure à celui, ouvert sur le dehors, du geste de l’écrivain et de l’inscription de celui-ci dans une généalogie qui le dépasse et s’autorise à convoquer, au-delà de Richter, Camus, Rilke et Woolf.

Le texte avance par circonvolutions, distillant ses thèmes dans une progression lestée de boucles réflexives, de retours sur chaque chose dite.

Partant de l’autopsie familiale accomplie par « Falk » dans son théâtre, et plus précisément dans My secret garden, Galea s’attèle à scruter dans le miroir son propre reflet de femme, d’écrivaine, et celui de son père jusqu’aux derniers instants de sa vie. »

[Samuel Gleyze-Esteban, L’œil de l’Olivier, janvier 2023]


« Texte puissant, impudique, poétique. Un récit intérieur emporté par le verbe, par une langue qui se bat, mot à mot, corps à corps contre les silences et les non-dits.

Contre la honte aussi. Celle d’aimer un père, pied-noir depuis trois générations (…)

Galea, Charriot, Dréville, un coup de foudre contagieux. »

[ Marie-José Sirach, L’Humanité, janvier 2023]


« Un sentiment de vie ne se résume pas mais se vit au théâtre parisien des Bouffes du Nord avec une Valérie Dréville impressionnante de finesse et de subtilité, de rage et de tendresse. Vulnérable et puissante.

Seule, face au public, dans un décor dépouillé, nu, Valérie Dréville impressionne dans l’incarnation du texte de Claudine Galea qui explore le lien invisible entre le passé qui refuse de se décomposer et le présent incertain.

Un sentiment de vie est un objet textuel non identifié. (…)

Le rapport à la création et à l’écriture est comme un fil rouge.

Un sentiment de vie est une expérience théâtrale qui s’affranchit de la forme, avec une mise en scène épurée signée Emilie Charriot. »

[Mohamed Berkani, France Culture, 13 janvier 2024]

Le texte à l’étranger

Traduction en allemand par Uli Menke.

Création dans une mise en scène d’Emilie Charriot avec Anne Haug, au Schauspiel du Theater Basel, Bâle (Suisse), le 16 octobre 2021. Puis 21 et 22 octobre, 10 et 11 novembre, 21 novembre, 25 novembre et 22, 27 décembre 2021.

Puis représentations en 2022 le 31 janvier, 7 et 10 et 11 février.

Vie du texte

Lecture à la Mousson d’été 2020 par Stanislas Nordey et Claudine Galea, 23 août 2020.


Création dans une mise en scène de Jean-Michel Rabeux, Compagnie Rabeux, avec Claude Degliame et Nicolas Martel, Théâtre de la Bastille (Paris), du 20 septembre au 15 octobre 2021.


Nouvelle création dans une mise en scène d’Emilie Charriot au Théâtre National de Strasbourg, avec Valérie Dréville, du 17 au 27 janvier 2023.

Tournée 2023
— Théâtre Vidy – Lausanne, Suisse, du 1er au 11 février

Tournée 2024
— Théâtre des Bouffes du Nord, Paris, du 11 au 28 janvier


Création sur France Culture, dans le cadre de FICTION : Théâtre & Cie, coordonné par Blandine Masson, dans une réalisation de Laurence Courtois, avec Marie-Sophie Ferdane, François Chattot, Johannes Hamm, le 19 mars 2023.

Un court extrait lu par l’autrice

ICI

Haut