Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.
PERSONNAGES
ÉLISE, 25 ans
HAROUNA, 16 ans
L’HOMME, 55/60 ans
Extrait : Samedi
ÉLISE. – Et du coup tu as voulu travailler avec des jeunes.
L’HOMME. – Exactement.
Le vent siffle.
L’homme se lève.
S’approche de la baie vitrée.
L’HOMME. – C’est ici. Les fissures. Au niveau des plinthes, non ?
ÉLISE. – Je ne sais pas. Un peu partout. J’y connais rien, en fait.
L’homme regarde.
Inspecte la baie vitrée.
Le vent siffle au-dehors.
L’HOMME. – Et la nuit ?
ÉLISE. – La nuit ?
L’HOMME. – Avec tout ce vent. Ils dorment bien les jeunes ?
ÉLISE. – Ça ne les empêche pas de dormir. Mais je te conseille de fermer la porte du couloir. Ils sortent pour aller voler des trucs en cuisine. Pas grand-chose. Des fruits, du pain, des restes. Ce sont des ados. Ils ont toujours faim. Mais ça fait râler ensuite les cuistots. Qui ne se privent pas pour aller le répéter au village et conforter les bonnes idées qui circulent ici.
L’HOMME. – Quelles idées ?
ÉLISE. – Qu’il aurait mieux valu ne pas les accueillir.
L’HOMME. – Ah oui.
ÉLISE. – C’est un petit village. Quand nous sommes arrivés en septembre, forcément ça n’a pas plu à tout le monde. On n’aime pas beaucoup les Noirs ici. On n’aime pas grand-chose en réalité à part sa petite famille, sa petite patrie.
Silence.
L’HOMME. – Tu es en colère ?
ÉLISE. – Je suis fatiguée.
Silence.
ÉLISE. – Après il y a aussi des gens qui les accueillent. Tu verras. Des rencontres inattendues. Ils se forment, partent travailler dans les entreprises du coin, dans les villages aux alentours. Peintures, maçonneries, plomberie, électricité. Moi il faut que je parte.
L’HOMME. – Pour ta mère.
ÉLISE. – Oui.
L’HOMME. – C’est quoi sa maladie ?
ÉLISE. – Cancer.
L’HOMME. – Je suis désolé.
ÉLISE. – J’ai besoin d’être près d’elle.
L’HOMME. – Bien sûr, c’est normal.
Silence.
Le vent.
L’HOMME. – Il va pleuvoir.
ÉLISE. – Possible.
Silence.
Extrait Dimanche
HAROUNA. – Pourquoi tu viens travailler ici ?
L’HOMME. – C’est mon métier.
HAROUNA. – C’est quoi ton métier ?
L’HOMME. – Éducateur.
HAROUNA. – Tu vas habiter ici avec nous ?
L’HOMME. – Jusqu’à ce que je trouve un logement.
HAROUNA. – Dans le village ?
L’HOMME. – Dans le coin.
Silence.
HAROUNA. – Moi je veux bien.
L’HOMME. – Quoi ?
HAROUNA. – Être éduqué. Pour réussir mon examen.
L’HOMME. – Quel examen ?
ÉLISE. – Pour les papiers. Il y a un examen de français, il faut bien parler la langue.
L’HOMME. – Je trouve qu’il parle très bien. Tu parles très bien.
HAROUNA. – Je fais des fautes. J’écris mal.
ÉLISE. – Il faut le faire réviser une heure par jour.
HAROUNA. – Tu savais pas pour l’examen ?
L’HOMME. – Qu’est-ce que j’aurais dû savoir ?
HAROUNA. – On passe un examen pour avoir des papiers.
L’HOMME. – Je ne travaillais pas avec des jeunes comme toi avant. C’est nouveau. Je découvre.
HAROUNA. – Tu travaillais avec qui ?
L’HOMME. – Dans une maison de retraite.
HAROUNA. – C’est quoi ?
L’HOMME. – Avec des personnes âgées.
Silence.
HAROUNA. – Avec des vieux ? Tu travaillais avec des vieux ?
L’HOMME. – J’étais aide-soignant.
HAROUNA. – Dans le village ?
L’HOMME. – Non.
HAROUNA. – Tu les connais les vieux du village ?
L’HOMME. – Non.
HAROUNA. – Ils sont mauvais, ils nous aiment pas.
ÉLISE. – Ils ne sont pas mauvais Harouna, ils ont peur.
HAROUNA. – Peur de quoi ?
ÉLISE. – Peur de disparaître.
HAROUNA. – Ils disent qu’on est dangereux.
ÉLISE. – Ils ne vous connaissent pas. Ce sont des préjugés.
L’HOMME. – Il faudrait les rencontrer.
HAROUNA. – Je veux pas rencontrer des vieux.
L’HOMME. – Il y a aussi sûrement des jeunes de votre âge.
HAROUNA. – T’es fou toi. Y a pas de jeunes ici. Il est fou lui.
L’HOMME. – Pas beaucoup mais il y en a. C’est sûr.
Silence.
Le vent qui s’infiltre.
HAROUNA. – J’ai encore vu la dame hier, là , sur la route, la vieille dame. C’est qui ?
L’HOMME. – Je ne sais pas.
HAROUNA. – Elle a une robe noire. Elle passe souvent devant le centre. Elle s’arrête. Elle regarde comme si elle cherchait quelque chose. C’est ta copine ?
L’HOMME. – Je ne connais personne ici. Je viens d’arriver.
HAROUNA. – T’as pas de copine ?
L’HOMME. – J’avais une femme.
HAROUNA. – Elle est morte ?
L’HOMME. – On est séparé.
ÉLISE. – Tu vas laisser un peu André tranquille Harouna s’il te plaît ? Tu reprends du café André ?
L’HOMME. – Oui, merci.
Elle le ressert de café.
Elle se ressert également.
Le vent entre les fissures.
L’HOMME. – Et toi ?
HAROUNA. – Moi ?
L’HOMME. – Tu es arrivé seul ici ?
HAROUNA. – Avec Drissa. On est comme des frères. Je le connais depuis que je suis petit.
L’HOMME. – Il t’avait jamais dit qu’il voulait s’enfuir ?
HAROUNA. – Drissa, il ne s’est pas enfui. C’est qui la vieille ?
L’HOMME. – Je ne sais pas. Je t’ai dit que je ne connaissais personne par ici.
Silence.
Café.
Harouna se lève.
Va poser sa tasse dans la cuisine.
HAROUNA. – On va à la préfecture aujourd’hui ?
ÉLISE. – Demain.
HAROUNA. – On avait dit qu’on y allait aujourd’hui.
ÉLISE. – Demain.
Harouna va pour sortir.
S’arrête.
Regarde André.
HAROUNA. – Drissa, il s’est pas enfui. Il s’est pas enfui. Il me l’aurait dit.
Il sort.
Le vent toujours.
L’HOMME. – Qui est cette vieille dame ?
ÉLISE. – Il est paranoïaque. C’est le stress post-traumatique. Il a vu des choses pendant le voyage. Des choses terribles. Atroces.
L’HOMME. – Et Drissa ?
ÉLISE. – Il s’est enfui.
L’HOMME. – Il dit que non.
ÉLISE. – Il s’est enfui sans lui. Sans lui en parler. Et ça, il a dû mal à l’admettre. Il faut essayer de l’apaiser.
Sifflement du vent.
La pièce est lauréate des Journées de de Lyon des Auteurs de théâtre 2021, présentés du 4 au 14 mai 2022 (dans le cadre des CONTEMPORAINES au TNP), Théâtre National Populaire — Villeurbanne.
La pièce a reçu l’aide à la création d’Artcena au printemps 2021.
Pièce recommandée par le comité de lecture de Eurodram 2022.
Pièce lauréate pour le XXe Prix de la pièce de théâtre contemporain pour le jeune public 2023, sélection 3e/2e.
Pièce sélectionnée pour le Prix Sony Labou Tansi des lycéen·ne·s 2024.
Pièce nominée pour le Grand Prix de littérature Dramatique 2023, remis mi-octobre.
« L’écriture de Samuel Gallet a su poser ses personnages dans une situation originale et développer son intrigue en laissant planer les doutes jusqu’aux dernières minutes.
Ses dialogues qui, sous l’apparence de la quotidienneté, se révèlent riches de non-dits, de silences et d’esquives, distillent scène après scène autant de doutes que de certitudes. Un véritable art du suspens est ici mis en Å“uvre intriguant autant les personnages que les spectateurs.
Mais l’intelligence de son texte ne s’arrête pas à la forme, la situation où il fait se dérouler sa trame donne à son texte une envergure beaucoup plus vaste et une matière plus touchante, plus profonde.
Tout se déroule dans un centre de vacances du bord de mer transformé en centre d’accueil pour mineurs isolés venus des pays d’Afrique et d’Europe de l’Est. C’est l’hiver. Les maisons secondaires sont vides, fermées, et les habitants restent à l’écart de cette vingtaine de jeunes
(…)
En plus de cette situation aux tensions perceptibles, le texte de Samuel Gallet ajoute les tensions induites par les trois personnages, eux-mêmes chacun en crise personnelle. Élise, la jeune éducatrice, s’apprête à quitter le centre pour aller s’occuper de sa mère malade ; André, la cinquantaine, arrive en début de pièce pour prendre son poste d’éducateur après avoir fui avec dégoût son emploi en Ehpad ; et Harouna, jeune réfugié, rescapé de la mer, tellement rongé par la peur qu’il est persuadé que les habitants du village veulent le tuer. Il faut encore ajouter à cette gerbe de tension, la disparition depuis quelques jours de Drissa, le compagnon de périple et d’exil d’Harouna. (…)
Mise en scène remarquable de Vincent Garanger. (…)
Avec "Mon visage d’insomnie", Vincent Garanger et son équipe parviennent à créer une véritable histoire, visuelle, sonore, narrative qui touche un sujet grave sans jamais alourdir le propos ni tomber dans le pathétique, mais en restant toujours tracté par l’intrigue liant les personnages. Un spectacle qui restera dans la mémoire pour l’harmonie de sa forme autant que pour la tendresse et le tragique de son propos. »
[Bruno Fougniès, La Revue du spectacle, 24 mai 2021]
« pièce captivante (…)
L’idée est géniale, l’interprétation solide et la mise en scène riche.
Une trouvaille d’écriture assure le mille-feuille de l’intrigue ; l’exclusion de ces âmes invisibilisées et fragilisées par une société qui les craint est racontée par le subterfuge en creux de l’image du sociopathe désarmé devant une société qui veut ne rien en savoir.
Par cet artifice fictionnel, la pièce interroge la fureur de vivre d’une jeune génération migrante et sa détresse face à une société qui, pour les effacer, les infantilise et qui, pour les contrôler, exige de penser à leur place.
Par un effet miroir, la dialectique entre l’attraction et la répulsion trouble la psyché d’un sociopathe meurtrier, et renvoie à nos propres dilemmes devant ces hommes bravant la mort pour s’assurer une autre existence. »
[David Rofé-Sarfati, Toute la culture, 27 mai 2021]
« La pièce commence comme un théâtre ordinaire (…)
Puis « soudain », c’est la révolution copernicienne. La situation qui était on ne peut plus ordinaire devient extraordinaire. Le ver était dans le fruit depuis déjà un bon moment, le diable était logé dans les détails depuis le début, mais progressivement le « diable » devient de plus en plus pressant, et il s’apprête à sauter à la gorge de tout le monde, en commençant par celle des lecteurs ou des spectateurs (qui « tombent des nues »). (…)
Tout au long de la pièce, il a été question d’amour. Qu’est-ce que l’amour ? Le jeune Harouna était très inquiet de cette question. »
[Blog de Jean-Michel Potiron, 15 mai 2022]
« Samuel Gallet et Vincent Garanger proposent un thriller en installant trois personnages dans un huis clos en bord de mer.
Sous-jacente, une réalité politique surgit au fil de l’intrigue : quelles illusions et quels espoirs pour les mineurs isolés qui atterrissent en France ? »
[Louise Chevillard, La Terrasse, n°301, 26 juin 2022]
« Samuel Gallet écrit un huis-clos à la tension crescendo qui termine en apothéose ! (…)
son imaginaire et ses talents de dramaturge ont donné naissance à ce thriller psychologique et politique. Les mots y claquent et respirent le mensonge, les non-dits et la folie. Un texte qui met le doute, fait régner la confusion et monter l’angoisse. (…)
Dans Mon visage d’insomnie, on se perd entre paranoïa, réalité et mensonge. Qui dit vrai ? Qui ment ? Qui invente ? Qui ne sait plus discerner la réalité ? On pressent que quelque chose se trame, qu’un élément n’est pas à sa place, mais quel est-il ? (…)
Mon visage d’insomnie parle de la peur de l’autre, de l’étranger, de l’inconnu. Les villageois sont terrorisés par ces jeunes hommes qui habitent le centre. La couleur noir leur fait peur, comme un mauvais présage. Ils imaginent des choses, mettent des étiquettes sur ce qu’ils ne connaissent pas. Un racisme qui monte, qui monte, qui monte et que rien ne peut raisonner. Jusqu’où sont-ils prêts à aller ? »
[Lucine Bastard-Rosset, Toute la culture, 17 juillet 2022]
« dès le titre Samuel Gallet annonce une couleur quelque peu étonnante mais très parlante, celle d’un « visage d’insomnie ». Un insomnie propice à toutes les audaces de l’imagination, à toutes les rêveries ; s’agit-il de mettre « en sommeil » la raison permettant d’engendrer des monstres comme aurait dit (et peint) Goya ?… (…)
Le ton est donné dès l’entame du spectacle, dès la première image, celle montrant Didier Lastère dos au public, planté devant une grande baie vitrée qui ouvre sur un horizon infini, celui de la mer au loin. Avec une lumière annonçant peut-être de futurs orages. Silence.
Avec en plan rapproché le deuxième personnage, une jeune femme campée par Cloé Lastère. Les lignes sont bien dessinées, pures. Du David Hockney. Et déjà s’installe une drôle d’atmosphère. Un drôle de « visage » général. »
[Jean-Pierre Han, Frictions, 18 juillet 2022]
« Mon Visage d’insomnie dont la lecture nous a enthousiasmé, révélant toute la richesse de l’écriture toujours en mouvements de l’auteur. (…)
Récit sur une ligne de crête, oscillant entre une forme d’hyperréalisme et les codes de l’épouvante, Mon Visage d’insomnie a de quoi stimuler la curiosité. Et nous avons été une fois encore enthousiasmés. (…)
Le travail de composition des images est absolument saisissant et donne à l’ensemble de la mise en scène un arrière-plan dynamique engloutissant presque les silhouettes des comédiens. Halluciné, on reste comme sous l’effet d’une hypnose. »
(Le travail de composition des images est absolument saisissant et donne à l’ensemble de la mise en scène un arrière-plan dynamique engloutissant presque les silhouettes des comédiens. Halluciné, on reste comme sous l’effet d’une hypnose. »
[Thierry Jallet, Wanderersite, 18 juillet 2022]
« Thriller onirique en gris, parabole peut-être sur nos vieilles sociétés paranoïaques où l’on craint un gamin parce qu’il vient de loin et où ne reste plus aux êtres vraiment humains qu’à disparaître ou à construire des Atlantides, Mon visage d’insomnie obsède le spectateur. Comme un rêve sombre aux allures de carnages. »
[Laura Plas, Les Trois coups, 19 juillet 2022]
« S’il trouble le spectateur en fuyant le réel pour se réfugier dans le rêve pour aborder la situation des migrants, l’auteur adopte délibérément un parti pris poétique et politique pour nous mettre face à une société qui rejette et infantilise.
Une fois le trouble installé et plongés dans un univers très paradoxal, nous voilà pris au piège de nos propres clichés sur les intentions des personnages qui trouvent une issue dans une échappée fantastique et remplie d’amour essayant de conjurer l’avenir. »
[Jean-Louis Rossi, LICRA, 19 juillet 2022]
« Le décor est fascinant, terriblement vrai. Au fond de la scène, un immense écran qui projette l’image d’une baie vitrée donnant sur la mer. Autant dire que cela ne fait aucun doute, nous sommes bien à quelques mètres de la plage. On sentirait presque les gouttelettes transportées par le vent sur notre visage. (…)
Djamil Mohamed propose un jeune adolescent tout à fait crédible. Dans le moindre de ses gestes, de ses mots et de ses silences, on ressent toute la colère d’un passé lourd, d’une histoire encore douloureuse, mêlée à une hargne envers la vie. Le courage d’avancer et de tout faire pour ne pas sombrer, malgré une paranoïa qui le suit comme une ombre au soleil.
Cloé Lastère incarne une éducatrice en colère, énervée par le système, par la vie, par son propre besoin d’empathie. Si ses sauts d’humeur sont peut-être trop soudains, elle reste malgré tout touchante dans l’évolution de son personnage. L’ambiguïté de ses sentiments ajoute de la tendresse à sa furie.
André, joué par Didier Lastère, pourrait être n’importe qui. Ou plutôt, ce père boomer qui fait naître la honte à ses enfants ou ses proches à la moindre mauvaise blague. Mais l’est-il vraiment ? Est-ce un rôle joué par le personnage ou le personnage lui-même ? (…)
Nous pensions venir voir une discussion sur l’immigration, sur la jeunesse migrante. Nous avons découvert une autre façon d’aborder la crainte de l’autre, qu’il nous veuille du bien ou non. »
[Christophe Mitrugno, Le Suricate, 20 juillet 2022]
« Mystérieux, Angoissant, Captivant. (…)
Le texte de Samuel Gallet est puissant. »
[Claudine Arrazat, Overblog, 24 juillet 2022]
« Cette pièce nous a littéralement bluffés. C’est simple, plusieurs jours après la représentation, nous en parlons encore avec la même stupéfaction d’avoir assisté à un moment comme celui-là au théâtre.
Sans l’ombre d’une hésitation : notre plus gros coup de cÅ“ur de cette édition du Festival OFF après Oublie-moi. »
[Mélina Hoffmann, Info tout court, 25 juillet 2022]
« Quel impact, quel choc !
La peur de l’autre, les préjugés des villageois, le racisme, les amalgames, les réfugiés en souffrance, le stress post traumatique, les éducateurs épuisés qui pâtissent à leur tour de cette inégalité et de cette abjection subies par les réfugiés, le manque de soutien, le manque d’empathie... Tant de thèmes cruciaux et complexes dressés ici...
Cette pièce renferme tant de puissants messages. Des messages qui pourtant ne devraient pas à avoir être passés. Notre humanité seule devrait suffire. Mais l’être humain déçoit si bien...
La violence qui émane des mots provoque un vrai choc. J’ai marqué un temps avant de tourner une des pages. J’étais abasourdie, sonnée, groggy. Pourquoi tant de politique dans nos vies ? Pourquoi tant de violence dans nos vies ? Pourquoi ne pas vivre et laisser vivre, tout simplement ? Ah ça... c’est parce que l’être humain déçoit si bien...
Samuel Gallet nous offre une critique acerbe et terriblement réaliste de notre société et du spectre des humains qui la composent. Rarement violence a été aussi bien utilisée.
Un immense coup de cÅ“ur de cette année 2022 ! »
[Virginie, Lire et sortir, 6 septembre 2022]
« Un texte sombre et glaçant sur un centre d’accueil pour mineurs non accompagnés, aux frontières de l’imposture et de la menace, du fait divers et de l’épouvante, du fantastique et de l’apocalyptique.
Loin de s’enfermer dans un genre social et moralisant qui se rencontre trop souvent, la pièce est en effet une échappée vers la fiction, parvenant à faire coexister, résonner et interagir une multiplicité de genres. (…)
Non pas confusion des genres donc mais succession et surimposition de ceux-ci. Comme dans le rêve. Comme dans le rêve éveillé, cerné de nuit, que peut être l’insomnie. Et manifestation finalement très convaincante du pouvoir de la fiction, de l’équivocité et de la réversibilité des êtres et des situations. (…)
Ce visage d’insomnie, c’est au fond, et en surface ! la face inquiétante de la réalité, son côté sombre. (…)
Une certaine ironie est aussi un ressort caché de la pièce. »
[Frédéric Dieu, Profession spectalce, 12 octobre 2022]
Création dans une mise en scène de Vincent Garanger, avec Cloé Lastère, Didier Lastère, Djamil Mohamed, Théâtre de l’Ephémère, Le Mans (72), du 17 au 22 mai 2021.
Tournée 2022
— Festival d’Avignon, 11., juillet
Dans le cadre des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre, la pièce est mise en espace par Anne-Laure Sanchez, au TNP, le 14 mai 2022.
Création sur France Culture, Théâtre et Cie, dans une réalisation de Louise Loubrieu, avec Leslie Bouchet, Birane Ba et Arnaud Churin, mai 2023.
ICI par Cloé Lastère, Didier Lastère
et ICI par Cloé Lastère, Didier Lastère, Djamil Mohamed