Éditions Espaces 34

Théâtre contemporain

Textes d’aujourd’hui pour le théâtre. Ces publications sont régulièrement soutenues par la Région Languedoc-Roussillon, et depuis 2003 par la SACD.

Quelqu’un manque

ISBN : 2-84705-022-1, 13x21 cm, 48 p., 9,50 €
3 hommes, 1 femme, chœur de femmes
Ouvrage publié avec le concours du Centre national du livre

2006

Un homme est au centre, comme sur un piédestal, objet de toutes les attentions, des regards et de la parole qui circule. Autour de lui, un petit groupe, ceux que l’on nomme Les proches. Et puis un chœur.

De lui on parle, on questionne, on se souvient, on murmure. Et se dessine ce qu’il était, ce qu’il faisait. Ce que désormais il sera.

Car son corps change, sa parole est au dedans. Lorsqu’il est au bout, alors il dit, ses jours, les derniers et puis les autres, plus anciens, avant. Du temps où encore, il avait un nom.

Extraits de presse

C’est une pièce « dont la brièveté même travaille le langage et le deuil comme autant de pertes, de lacunes, de répétitions impuissantes, de silences et de non-dits. Le manque de l’autre, du compagnon malade, agonisant et défunt dont nous suivons le calvaire physique.

La choralité dans la distribution (les pleureuses, Elle, le soignant, l’ami) accomplit ce travail de la recherche de ce qui s’en va, de ce qui s’efface, de ce qui meurt mais aussi de ce qui reste. Nous ne savons pas si les paroles se souviennent, ressurgissent, semblables à la mémoire. (…)

Les pleureuses (…), ce chœur de femmes, rappelant les rituels antiques du deuil, occupe en effet une place prépondérante dans la pièce ; il ne fait pas figure de simple commentateur épisodique mais bien plutôt de voix prédominante, portant toutes les autres, en son sein, comme si la parole du personnage était en manque d’elle-même, par essence. (…)

Le personnage autour duquel prend forme le requiem entre lui aussi dans la sphère d’un langage atrophié, médicalisé. Il perd son prénom d’avant la maladie et devient GUME (p.18) : dans la bouche d’Elle puis des Pleureuses. (…)

La déconstruction du corps incurable s’écrit donc dans la déconstruction à la fois de la rhétorique mais aussi de la logique dramatique du personnage. Sa réalité n’est que verbale et E. Darley ne le désigne justement pas Gume (dans les didascalies) mais « Celui qui manque » seulement à partir de la page 32. »

[Marie du Crest, La Cause littéraire, 24 septembre 2016]


« Plus il avance, plus son corps vacille. Épuisé, il finit par tomber, non sans avoir laissé derrière lui la trace de ses pas dans le sable…
C’est par cette image métaphorique que le spectateur entre dans Quelqu’un manque d’Emmanuel Darley, découvrant probablement en même temps un texte qui parle de la maladie et de la mort, une écriture particulièrement poétique – pas de sujet, peu de verbes – et une mise en scène qui semble avoir été pensée pour le texte.

Si pour sa première vraie création professionnelle, Nadège Coste, qui a fondé sa Compagne des 4 Coins à Metz en 2004, a effectivement choisi un sujet tout sauf léger, elle en évite tous les pièges. Non seulement la jeune femme ne tombe pas dans le pathos mais, à l’inverse, réussit grâce à un travail corporel, à faire surgir la force des sentiments qui pouvait unir ce couple avant que l’un d’eux ne tombe gravement malade et finisse par devenir « Gume », comme elle l’appelle. Un abrégé de « légume », « cette carcasse d’os tourné vers le mur » qui balbutie.

On notera également un très beau travail sur la lumière, comme ces ombres projetées sur le mur, et surtout quatre comédiens (Sylvie Amato, Violette Jullian, André Le Hir et Franck Lemaire), qui font entendre au-delà du texte toute la difficulté de parler à quelqu’un qui va mourir, tous ces instants a priori sans importance qui prennent soudain un sens et, enfin, tous ces souvenirs qui eux, resteront. »

[G.C., Le Républicain Lorrain, 24 janvier 2012]


« Darley a une écriture poétique dans laquelle chaque personnage a son propre langage
(…) Plus que le thème de la maladie, je pense m’être davantage intéressée aux évolutions et aux mécanismes propres à chaque personnage dans leur manière différente de réagir à cette souffrance
(…) La choralité, les rapports entre le corps et le texte, la notion de mémoire sont autant de thèmes qui devraient traverser cette création.

[Nadège Coste, in Le Républicain Lorrain, 19 janvier 2012] »


« Le texte d’ Emmanuel Darley donne la sensation que le temps dans l’histoire est très dilaté. « Entre certaines scènes, il peut se passer des années, dans d’autres des mois », explique Nadège Coste.

La metteur en scène s’est appliquée à restituer ces distorsions, d’autant plus que l’écriture très poétique ajoute une dimension supplémentaire à la mise en scène en sollicitant davantage la sensibilité de chacun.

Thème universel, la mort s’installe au cœur du jeu des quatre acteurs, un jeu d’une sensibilité intense suscitant une émotion telle que le spectateur n’en sortira pas facilement indemne. »

[Eloïse Villaret, La plume culturelle, 23 janvier 2012]


« Quelqu’un manque est un texte d’une force vive, glacé, poétique. Une avancée implacable dans l’écriture d’Emmanuel Darley, matière dramatique faite d’éclats de phrases d’une saisissante lucidité. »

[Manuel Piolat Soleymat, Tatouvu, 15 mai-15 juillet 2006]

Vie du texte

Lecture au Théâtre du Rond-Point, novembre 2005.


Lecture par la Compagnie du Pas Sage à École des Coteaux, Saint-Cloud, le 7 juin 2006.


Lecture d’extraits par Dag Jeanneret, Stéphanie Marc et Emmanuel Darley au Théâtre Sortie Ouest, Béziers, à l’occasion du salon du livre, le 28 septembre 2008.


Création par la Compagnie de 4 coins, dirigée par Nadège Coste, avec Sylvie Amato, Claire-Hélène Cahen, André Le Hir, Franck Lemaire, au Théâtre du Saulcy, à Metz, du 24 au 26 janvier 2012.

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