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Bientz, Stéphane
Vivantes !
2024
jeudi 28 mars 2024
Sur une place déserte, dans la cité du Belvédère, la canicule rend le bitume collant.
Nil, 10 ans, s’en fiche. Solitaire, elle peaufine la chorégraphie qu’elle a l’intention de présenter lors de la fête du quartier. À ses côtés, son ami Griotte, 9 ans, rêve et observe les nuages trop rares dans le ciel désespérément bleu. Lui espère le retour des hirondelles, depuis trop longtemps absentes.
Sur cette place, il y aussi une serre, en verre fumé, que l’on dit abriter le dernier arbre du quartier...
Soudain, par un énième jour caniculaire, Ursula, 10 ans, surgit et pénètre dans la serre, pourtant fermée à clef : Est-ce une menace pour le dernier arbre ? Qui est-elle vraiment ?
Par son langage décalé et poétique, son mystère, son audace tranquille, Ursula laisse entrevoir l’existence d’un monde de beauté et de vie : oiseaux, plantes, insectes, animaux, la terre elle-même, avec les sons, les odeurs… dans lequel s’engouffrent les deux enfants.
Le trio fait alors cause commune et s’allie au lierre pour déjouer la fourberie mercantile de Vitalenergies, une entreprise qui règne sur la cité et veut imposer sa loi.
Révolutionnant leur vision du monde, Nil et Griotte renoueront avec le vivant et prêteront attention aux voix qui le composent. Ils entameront ainsi une quête intime et sensorielle, pleine de joie et de surprises.
Personnages
Nil, une gamine entre 11 et 13 ans.
Griotte, un gamin entre 11 et 12 ans.
Ursula, une gamine entre 11 et 13 ans
J –9, milieu de scène
Bruits d’environnement urbain. Une chaîne entoure la serre. Griotte s’en approche. Aussitôt une alarme retentit. Griotte retire son appareil auditif. Il recule. L’alarme s’arrête. Griotte remet son appareil auditif puis inspecte la serre, de loin.
Nil surgit. Elle a trois doigts de la main gauche bandés. Dans l’autre, son téléphone.
GRIOTTE (désignant la chaîne) :
C’est quoi, ça ?
Qui,
qui a installé ça ? Pourquoi ?
NIL :
À ton avis ? T’es pas au courant ?! Non !?!
Y’a le gardien qui est passé dans tous les apparts, hier soir : il a dit qu’une effraction, grave, avait été commise dans la serre. Que la porte avait été forcée. Une enquête est en cours pour trouver le ou… la coupable. Mes frères ont même raconté à mes parents que le conseil des experts-experts de Vitalenergies se trouve dans l’obligation d’effectuer des prélèvements d’oxygène, d’humidité, d’écorce, de feuilles, de terre, de…
GRIOTTE :
N’importe quoi.
Nil active le haut-parleur de son téléphone de manière très démonstrative :
VOIX DE HUGO FORMENTON :
… et aujourd’hui, moi Hugo Formenton, je vous le dis : si les résultats s’avèrent au-delà du seuil d’équilibre, la croissance de l’arbre sera malheureusement en danger et, nous serons contraints d’annuler la fête des 300 ans. J’en suis le premier désolé. Il est incompréhensible que…
Nil éteint le portable.
NIL :
Super ! L’arbre, en danger : tu réalises ? T’imagines les conséquences pour le quartier ? T’y penses ?
GRIOTTE :
Je pense à l’arbre. À son écorce. S’il est malade…
NIL :
La faute à qui ?
GRIOTTE :
L’arbre avait soif !
NIL :
Y’a un arrosage a-qua-to-ma-ti-que !
GRIOTTE (Ã voix basse) :
Pas besoin d’aquatomatique-techno-peu-logique.
NIL :
Quoi ?!
Griotte ne répond pas. Il désigne la main bandée de Nil.
GRIOTTE :
Tu t’es coupée, avec le sécateur ?
NIL (haussant les épaules) :
Tu as récupéré ma gourde, hier ?
Griotte fait non de la tête.
NIL :
J’ai dit à mes parents que c’était toi. Faudra que j’invente autre chose.
Griotte lève les yeux au ciel.
GRIOTTE :
Aujourd’hui, les nuages imitent les hirondelles : que du bleu.
Soudain, Nil pousse un cri.
NIL :
Un insecte,
volant,
vient de sortir de la serre !
GRIOTTE (tout joyeux) :
C’est quoi ?
NIL :
Avec ses sales pattes griffues,
elle,
elle a contaminé l’arbre, j’avais raison. Punaise !
GRIOTTE :
Une abeille ! Comme dans les livres de mon père !
Soudain, la porte de la serre s’ouvre. Ursula en sort, son casque autour du cou, l’enregistreur et la bonnette dans une main. Ses doigts sont pleins de terre. Elle passe sous la chaîne, les alarmes restent muettes.
GRIOTTE :
Toi !
Troublée, Nil ne bouge plus. Ursula s’approche d’elle. Lui prend ses poings, qu’elle desserre. Puis, ses mains terreuses caressent son visage, laissent des traces sur ses joues.
URSULA :
Dans le profond de tes iris,
camouflées,
les herbes hautes. Et aussi, les frondaisons.
Les accueillir.
NIL (revenant à elle, l’écartant) :
T’es maboule-dingo toi ?
Ursula rit. Elle découvre la main bandée. Nil recule.
NIL :
T’as recommencé ?! Comment t’as fait ? Pourquoi les alarmes, elles n’ont pas sonné ?
URSULA :
Les feuilles d’ombre
ont émergé rampent deviendront
feuilles de lumière.
GRIOTTE :
Tout va bien ?
URSULA :
Tout va bien.
Un bruit de miettes qui croustillent.
Ursula prend la main de Griotte.
NIL :
Griotte. Elle est peut-être contagieuse.
Griotte échange un sourire avec Ursula. Celle-ci enjambe la chaîne, invitant Griotte à la rejoindre. Ce qu’il fait.
NIL :
Oh ! C’est interdit !
URSULA :
Une clôture, c’est fait pour passer dessous, ou dessus.
Le duo disparaît dans la serre. La porte se referme derrière eux.
NIL :
Griotte…
Elle regarde autour d’elle, comme perdue. Après un petit temps d’attente, le clic de la porte de la serre qui s’ouvre : Nil saisit son portable et se filme avec la serre en arrière-plan.
NIL :
Salut, c’est Nil des BC-BG, en direct-live ! J’ai trouvé qui
qui met tout en péril
ici.
Elle tourne le portable vers la serre. À ce moment, Griotte sort, le casque d’Ursula autour de ses oreilles, l’enregistreur d’une main, une gourde de l’autre.
GRIOTTE :
J’ai retrouvé ta gourde, Nil, dans la serre. Y’a ton nom marqué dessus !
NIL :
Quoi ? (elle tourne le portable en selfie) C’est pas ça, pas du tout ce que vous croyez, c’est… (elle se fige, pose une main, sur sa joue, pleine de terre) Punaise. Attendez, c’est pas moi, c’est pas moi…
Elle éteint la vidéo aussitôt. La joie balaye le visage de Griotte. Ursula le suit.
GRIOTTE :
Une plante a poussé
aux pieds
aux pieds de l’arbre
enchevêtrée.
NIL :
Hein ?
GRIOTTE :
Du lierre grimpant. Ses feuilles : des émeraudes jamais extraites.
URSULA :
Si joyeux !
NIL :
Faut l’enlever ! L’arracher.
URSULA :
Jamais. C’est un allié. Bien planté.
Creuser
arroser arroser arroser et
attendre.
Pour qu’enfin.
NIL :
Faut arracher ce truc ! Si ça contamine l’arbre… Si ça se trouve, c’est…
URSULA (secouant le sachet pendu à son cou, qui fait un petit bruit de hochet) :
Du lierre. Grimpant.
NIL :
C’est toi ?!
Toi qui ?!
À cause de toi que ?
Notre arbre, en péril ?
GRIOTTE :
Viens. Viens. Il faut que tu voies, que tu entendes ça, Nil.
Nil repousse Griotte.
(…)
Distinctions
Sélectionné pour le Prix Galoupiot 2025.
Sélectionné pour le Prix de la Bibliothèque de Théâtre Armand Gatti 2025, La Seyne-sur-Mer, sélection CM2-6e.
Extrait de presse
« Une pièce portée par un souffle de fantaisie et une écriture de qualité.  »
[Centre national du livre, février 2024]
« Corinne Réquéda traite poétiquement la question de la crise climatique.
D’un plateau nu renaît, grâce aux trois enfants démiurges, la nature et sa luxuriance.
Une belle transformation visuelle et sonore. Â »
[Françoise Sabatier-Morel, Télérama, mars 2024]
« Ici, la biodiversité n’existe plus. Les espèces ne se croisent plus, ne se complémentent plus, ne partagent absolument plus rien. La chaleur est étouffante, les rayons brà »lants et l’eau à portée de main, indispensable.
L’arrivée d’Ursula, un personnage haut en couleurs, presque onirique, va venir bouleverser les habitudes du quartier et transformer la vision étriquée et erronée des deux enfants envers leur environnement et la nature.
Stéphane Bientz aborde la question de la crise climatique de manière très poétique. Les enfants qui liront ce si joli texte, n’auront pas du tout l’impression de recevoir une leçon de morale ou un cours de biologie ; ils auront la sensation d’avoir lu un conte merveilleux où les enfants sont capables, sont conscients, sont prêts à grandir dans un monde où la nature pourra garder ses droits.
Les liens si précieux que l’on doit à tout prix préserver afin de maintenir un équilibre viable, sont parfaitement représentés dans cette courte pièce. En très peu de mots, l’intensité grandit, les enjeux apparaissent, les prises de position assumées, et les enfants peuvent alors espérer un avenir meilleur. (…)
Ce livre est capable de faire changer les choses. Ce livre ouvrira les yeux de nombreux enfants et sensibilisera de la plus belle des manières les générations qui sauveront notre planète.
Vivantes ! est un ouvrage sensible, intelligent et empli d’espoir. Qu’il serait beau qu’il soit distribué à tous les enfants de la Terre…  »
[Virginie, Lire et Sortir, 19 avril 2024]
« Percutant.  »
[Salon du livre et de la presse Jeunesse de Montreuil, juin 2024]
« C’est un texte de théâtre contemporain à plus d’un titre.
D’abord par sa forme, mêlant le récit au dialogue, dans des scènes brèves et percutantes campant bien les personnages et leurs relations dans une langue très vivante.
Ensuite par la thématique qu’il aborde, celle de la sauvegarde de la planète. Nous sommes dans un monde dont la nature est absente, et où la canicule règne. Dans un monde où seront dévoilées les véritables intentions de Vitalenergies, la fondation dont il suffit de changer une lettre pour trouver – peut-être – son modèle hors du théâtre.
Ce qui se joue sur le plateau est donc très politique (…) Mais c’est aussi un texte très imagé et très poétique (…)
Vivantes (…) propose une façon de faire renaitre la joie dans un monde gris. »
[Michel Driol, Li&je, 20 juillet 2024]
« La fable est belle mais le sujet ne cesse d’inquiéter. L’auteur nous plonge en effet dans une dystopie (…)
Avec eux [les enfants], et devant cet arbre, on découvre un monde de beauté et de nature qui n’a pas encore tout à fait disparu.
Un récit empreint de poésie et d’espérance, témoin de la jeunesse d’aujourd’hui, anxieuse et combative.  »
[Cyrille Planson, Théâtre(s), n°38, été 2024]
« Une ode poétique à la puissance de la nature, un conte engagé qui fait du bien. »
[Fanny Carel, Revue des Livres pour enfants, n°337, septembre 2024]
Vie du texte
Création par la Compagnie Miel de lune, dans une mise en scène Corinne Requena avec Manika Auxire, Elena Bruckert, Quentin Vernede, Théâtre de Corbeil-Essonnes, les 3 et 4 mars 2024.
Tournée 2024
— Centre culturel Baschet, Saint Michel sur Orge (91), du 20 au 22 mars
— Espace culturel Boris Vian, Les Ulis (91), 26 et 27 mars
— Le Scarabée, La Verrière (78), 25 avril
Lecture dans le cadre du Festival Les Nouveaux Horizons du texte proposé par La Baignoire, lieu des écritures contemporaines à Montpellier, et traduction en langue des signes, le 28 avril 2024.
Tournée 2024
— Médiathèque de Mèze (4), le 1er juin
— médiathèque Emile Zola, Montpellier (34), octobre 2024