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Pereira, Manuel Antonio

Berlin Sequenz

2017

mercredi 5 avril 2017

Berlin, de nos jours. Parmi la génération des vingt ans, Jan, un jeune homme àvif, passionné, frondeur, marche àla rencontre de toutes sortes de gens dans cette ville qui ne dort jamais. Il se lie àun groupe de jeunes, organisés en collectif, qui tentent àleur façon de ne pas « collaborer  » avec le système, de mettre en place une autre relation au travail et àla société.

Mais Jan entre aussitôt en conflit avec ces rebelles si raisonnables àson goà»t. Lui, ne veut pas pactiser avec le monde qu’il condamne, il défend une lutte plus radicale. Son engagement il l’exprime dans un article virulent destiné àleur magazine alternatif. Jugé trop violent, l’article est refusé. Jan poursuit alors sa marche dans la ville, parmi les autres dépossédés de la vie. Il est impatient d’agir, au risque de se brà»ler.

Pour la génération des vingt ans en Europe, anesthésiée par le consumérisme de masse et qui ne connaît plus qu’une liberté sans puissance d’agir, des alternatives sont-elles encore possibles ? Cette génération ne peut-elle qu’assister, impuissante, àla victoire d’un capitalisme anxiogène qui ne produit au fond que des relations mutilées ?

Berlin sequenz est un texte sur le désir. Désir des autres, désir brà»lant d’une sincérité, désir d’un autre monde possible…

Personnages

Le collectif : Jan, Sila (d’origine turque), Uli, Eva, Neele
Autres personnages : Mathias, Bernd
Chœur

Le texte peut être joué par 7 à11 personnes. Pour 7 acteurs, il y aurait dédoublement des rôles pour les parties chorales.
L’âge de tous les personnages est entre 18 et 25 ans.


Extrait, début

Devant le monde

Face ànous plusieurs jeunes gens. Ils ont dans la vingtaine.

JAN
Le jeune homme, àpeine adulte. Il est làdevant le monde.
Tous ces gens, la ville. Berlin.
Il est terrassé. Il faut choisir une voie, et lui n’en a aucune.
Quand il était au lycée il aurait pu y réfléchir, mais il ne pensait àrien. Il s’est laissé couler. Le rêve de devenir acteur ou musicien ; et puis plus rien. Il se sent d’une génération qui n’a pas eu lieu. "Une génération qui n’a pas eu lieu" pourrait être le titre d’une bonne chanson. Une chanson qu’il aurait pu écrire. Mais il n’a rien fait.

LA JEUNE ETUDIANTE (chantant)
"I remember when I was sixteen
the acid was tinged with red
fire magic in my head
walking around with heavy manners
Your’re going home in a fucking ambulance
There’s gonna be an accident"

JAN
Il est lààpeine adulte
et il sent monter la peur
Bientôt il va se caser
Une situation le mariage
un boulot acceptable
Bientôt il sera un peu plus riche
Bientôt il sera installé
bientôt il fera partie de ces gens
qui ont ruiné ses parents
et qui les ont toujours méprisés
Bientôt son regard autrefois si affà»té
va sémousser
Il n’écoutera plus si souvent
cette musique alternative
qu’il commence àtrouver un peu naïve
Bientôt on le prendra un peu plus au sérieux
Et puis au bout du compte sa vie
n’aura été qu’une vie.

LE JEUNE HOMME
Moi je veux faire ce que font les autres. Seulement ça. Ce que font tous les autres. Avoir de l’argent, une situation, une voiture, acheter une maison. Un jour tu lis dans un magazine « Avec sa ligne sportive et le tempérament agile et joueur de son châssis, cette berline Lexus est entièrement dédiée au plaisir. » — et pendant une minute tu te dis "Oui, c’est aussi simple que ça".

LA FILLE DE
Aujourd’hui être Allemand, c’est avoir de l’argent. Je veux être Allemande. Je veux ça, le pouvoir de dépenser et d’acheter des trucs dont je n’ai rien àfoutre. Mes parents ont un appartement monstrueusement trop grand, en hiver ils le chauffent jour et nuit, même quand ils ne sont pas là. Ils achètent plein de fruits bio au marché et ils en mettent partout dans la maison, "ça ajoute des couleurs" ils disent. Les fruits ils les laissent sécher sur les radiateurs et les remplacent quand ils sont pourris. Je veux comme eux pouvoir m’offrir cette putain de liberté d’ouvrir les fenêtres en hiver parce que l’appartement est surchauffé. Je veux m’offrir cette putain de liberté d’acheter bio pour nettoyer ma conscience de toutes ces affreuses dépenses que je fais jour par jour…

LA JEUNE REBELLE (SILA)
Nous sommes devenus de petits accumulateurs de capital. Nous capitalisons depuis la naissance. Tu n’es pas née, mais tes parents ont déjàpensé àtout. Ils veulent réussir ta vie. Connaissances, talents, santé physique, pouvoir d’achat, retraite confortable, sont les nouveaux biens que tu dois cumuler depuis ta naissance. Chaque enfant mis au monde est déjàle concurrent direct d’un autre enfant, en compétition sur le marché de la réussite. Nous devons réussir la vie de l’enfant. C’est un nouveau challenge : le gosse, il faut lui donner un maximum de chance, pour qu’il aille vers le bonheur maximum, pour que son capital bonheur augmente au maximum... Je suis un petit accumulateur de capital qui a grandi, et maintenant je vous emmerde au maximum !

L’APPRENTI DJIADISTE
Ils m’ont demandé si je voulais travailler comme terroriste. "La guerre sainte donnera un sens àta vie". Ils envoient les jeunes dans les camps d’entraînement, en Egypte ou en Syrie — Quitte le rang des infidèles. Le djiad comblera le vide de ton existence.

LA JEUNE REBELLE (SILA)
Quand je pense au siècle dernier, même les enfants étaient politisés. En mercedes ils traversaient le siècle, un revolver àla ceinture, dans le coffre deux Kalash, un Mauser. Derrière eux s’effondraient les villes d’un occident promis àla ruine. Des rafales de mitraillettes écrivaient dans la nuit de Berlin leur dernière campagne d’alphabétisation : "Un porc est un porc. Tue la gangrène bourgeoise !" L’ABC de l’anti-capitalisme. Et maintenant ? Aujourd’hui, avoir de l’argent est devenu plus important que n’importe lequel des dix commandements.

LA JEUNE ETUDIANTE (chantant)
"Follow me down
down on the escalator
department stores
Friends like yours
your gonna get it sooner or later"

LA JEUNE REBELLE (SILA)
Où tu étais ?
Des présidents se sont succédé
des mesures ont été prises
qui ont décidé de la vie des gens
Au jour le jour l’esclavage consenti
les travailleurs jetables
Les cabinets ministériels ont creusé les sillons
d’un vaste plan d’irrigation
qui alimenterait pour longtemps
les courbes de la croissance
l’excédent budgétaire allemand
Leur engrais le sang des pauvres
Il fallait pour cela fabriquer de toutes pièces
une nouvelle pauvreté
qui entrerait dans le plan général
Ils ont promis que les privations
profiteraient àtous
Ils ont dit qu’ils étaient désolés
Et quand ils parlaient de sacrifices
ils disaient "nous"
d’une voix grave et solidaire
comme si la douleur les atteignait
eux aussi

JAN
Où tu étais Jan ?
Où tu étais tout ce temps ?
Tu regardais le film, tu assistais au spectacle.
Tu étais le spectateur de ce film ou de ce spectacle.
Et puis un jour tu te lèves et tu te rends compte
que tu ne fais pas partie du film,
non, le film ils le font sans toi
et toi tu n’as pas d’autre choix que de regarder. Regarder...

(…)


L’homme de verre

JAN
marchant, marchant dans cette ville qui semble ne jamais dormir, cette ville àperte de vue, lui le jeune homme encore rebelle marchant, la tête encore pleine de futurs, la tête encore furieusement pleine de désirs inassouvis, dans la ville qui ne dort jamais, marchant la nuit le jour jusqu’au bout de toutes ces questions irrésolues, avec l’idée furieuse de changer les choses, lui le jeune homme toujours rebelle marchant àla rencontre de toutes sortes de gens qui ne dorment pas eux non plus, des gens avec des envies furieuses de simplement survivre dans cette nuit et par ce froid, il les questionne, il les secoue, il leur demande des comptes, il en veut àtous de ne pas agir, il les incite àla révolte, mais eux, armés de la seule candeur de leur impuissance, de leurs limites, quel luxe auraient-ils àpart celui de survivre ? Et lui qui cherche, qui cherche d’autres naufrages, la nuit, marche encore et questionne, celui-làqui est-il, cette famille avec ses rêves de confort matériel est-elle heureuse, ce vieil homme dans sa voiture de luxe après une vie de privations a-t-il atteint son but, et la nuit les avale comme elle avale ces millions d’âmes.

Rimbaud de la nuit berlinoise dans un siècle incompréhensible, le jeune homme parfois "doux comme une soeur des pauvres" est bon et charitable, il a des gestes d’une générosité un peu ridicule, mais il continue, il marche, trop de fièvre en lui, trop de désir d’agir et si peu d’actions, il n’a pas le temps, a-t-il une mission, un but, pourquoi se précipiter comme ça dans les rues comme un possédé, il n’a pas le temps, il doit trouver — tant de choses àcomprendre, tant de choses àcomprendre et une seule vie ! Il est àl’image de la ville, il ne dort jamais, il se laisse parfois rouler sur un trottoir, àbout de forces, serré dans sa veste usée, le cuir noir de l’asphalte qui lui colle àla peau, gant de bitume gorgé de pluie, il aime la sensation de cette seconde peau, mais il se lève aussitôt surpris de s’être livré un instant au sommeil et il reprend sa marche, sa course incessante àtravers la ville, sait-il au juste ce qu’il cherche avec autant de fièvre ? Femme croisée dans la rue, le visage serré comme un poing, homme ivre tombant, son corps claquant contre la joue d’asphalte, visage en sang regardant au bout de son bras un sac plastique où les bouteilles d’alcool sont maintenant brisées, visage en sang et nez cassé mais ce couillon n’a même pas mal, non, s’il pleure ce n’est pas de douleur, mais de voir le vin qui dégouline de son sac, ses yeux fixés sur les bouteilles brisées, il n’a plus d’argent pour en acheter d’autres, et àcet instant je pense "ce n’était donc pas lui ce bruit de verre quand il est tombé, ce n’était pas lui le verre ?"

Mais je n’aurais jamais dà» les écouter, tous ceux-là, avec leurs peines et leurs blessures, parce que maintenant il traine dans l’air comme une odeur de défaite, et on pourrait presque la toucher tellement elle est palpable, je les vois tous un par un, qui s’écroulent en silence — àl’intérieur cette maladie, autour de leurs pas cette matière qu’ils déplacent avec eux — je la sens maintenant l’odeur de la blessure que chaque bête dégage quand elle sait qu’elle n’en a plus pour très longtemps, et le monde n’est plus jamais aussi simple, une boiteuse et un ivrogne viennent vous enlever le peu d’ordre que vous aviez mis dans tout cela, partout la peur et la douleur, ça te rentre dans le corps parce que tu n’as soudain plus de peau, la femme dans la rue qui boitait, essayant de rendre digne une démarche toujours plus incertaine, les jambes se rebellant contre elle àchaque pas, la femme m’a enlevé ça aussi, la peau, et le sale malheur des autres me rentre tout entier dans la viande, et je voudrais que les deux parois de mon corps se rejoignent, que mes poumons finissent. Si seulement tu pouvais filtrer un peu toute l’horreur humaine qui se déverse maintenant en toi comme dans un entonnoir. Et tes amis aussi tu voudrais les tenir àdistance, parce qu’ils entrent tellement en toi et te retournent avec leur problèmes personnels et toute la banalité de leur petites souffrances. L’air lui-même contient la maladie, partout la blessure... Les gens me semblent si peu préparés àce qui vient.


Fantômes de l’opulence

sous-titre : "Réunion dans le local du collectif, au Beraten".

(…)

— Ils vont te renvoyer ton article direct.

— C’est vindicatif.

— Tellement juste en même temps.

— On ne peut pas publier ça.

— Pourquoi pas ?

— Le magazine ce sont des reportages concrets.

— Tu avais parlé de témoignages réels, où ils sont ?

— Oui, c’était fort les exemples que tu avais cité hier.

— C’est par làqu’il faudrait commencer.

— C’est des exploités que tu veux parler ou de ta propre haine ?

— Tu devrais trouver un moyen de te défouler autrement.

— Ou bien tu devrais mettre ça dans un livre. Comme un texte de combat.

— Oui, comme de la littérature.

JAN — Alors il sert àquoi votre magazine ?

— On a une autre façon de combattre.

JAN — C’est ma façon qui vous plait pas ? Dites-le tout de suite.

— Jan, ne le prends pas personnellement.

JAN — Et comment je dois le prendre ? Arrêtez de tourner autour du pot. Je vous gêne c’est ça.

— Qui a dit ça ?

JAN — Non, parce que, si c’est ça...

— C’est pas ça.

JAN — Je le vois bien que je dérange. Vous aviez déjàdécidé avant même que je commence. De toute façon je n’ai jamais été le bienvenu ici.

ULI — C’est pas vrai Jan. Hein, dites-lui.

JAN — Laisse Uli. Faut pas forcer les choses.

EVA — Moi franchement ton article je le sens bien.

ULI — Tu vois Jan, y a pas que moi.

JAN, àSila et Neele — Et vous deux, qu’est-ce qui vous dérange tellement ?

SILA — On serait aussi durs avec n’importe lequel d’entre nous. C’est une question d’honnêteté. Ton article nous ferait passer pour un groupe d’activistes qui prône la lutte armée et le terrorisme, c’est tout. Si tu veux aller sur ce chemin, rejoins tes potes du Black Block et laisse-nous agir ànotre façon.

JAN — Le capitalisme est bien plus brutal qu’aucune de nos actions directes.

NEELE — Tu as rejoint le Black Block ?

JAN — J’en ai marre de vos jugements. Vous allez me faire un procès aussi.

NEELE — Tu es libre de suivre qui tu veux. Si tu veux être ultra-minoritaire, c’est ton choix. Nous on vise un public plus large.

SILA — Rappelle-toi les luttes des années 70, les gauchistes ont fini tous isolés. Le gouvernement n’a pas eu de mal àles couper du peuple. Pour les dirigeants, toutes ces actions violentes c’était du pain béni.

JAN — Alors bon sang on fait quoi ? On laisse ce système nous écraser, sans lever le petit doigt.

SILA — La violence n’a jamais servi que les intérêts des privilégiés, tu le sais bien. On leur donne juste le prétexte pour nous enfoncer encore plus.

NEELE — Il y a d’autres façons d’agir, bien plus efficaces, même si c’est moins spectaculaire.

SILA — On n’a pas décidé d’attendre le grand soir pour agir. On en a marre de fantasmer sur des révolutions qui ne viendront pas. On a choisi d’être une communauté alternative qui propose une autre façon de travailler ensemble, c’est notre façon ànous de ne pas "collaborer". On donne l’exemple ; c’est un moyen de refuser qu’ils choisissent toujours pour nous. Je sais ce que tu vas dire : pour eux on n’est qu’un produit de plus, une vitrine culturelle pour une "ville de gauche".

JAN — Depuis quand tu me piques mes slogans ?

SILA — Tu n’as pas le monopole de la contestation.

— On est pas des collabos, Jan. On résiste ànotre façon.

JAN — Regarde, tu crois qu’on est si nombreux àlutter ensemble ? Aujourd’hui la solidarité internationale est seulement réservée aux riches. Ils ont gagné.

— Pour un moment peut-être.

— Mais on ne va pas baisser les bras.

JAN — Les gens n’y croient plus.

— Nous pouvons ànotre échelle montrer des alternatives. Au lieu d’attendre, et de pondre des discours àl’infini.

— Attendre quoi, d’ailleurs ? Que le système s’effondre ? Il s’effondrera. Mais on crèvera sans doute avant lui.

— Partout en Europe, dans le monde les gens se regroupent, ils luttent, ils agissent.

JAN — Tu sais ce qui était écrit dans leur programme, au sommet néolibéral de Reagan et Thatcher au début des années 80 : "Il faut commencer par éliminer la contre-culture, puis réduire les dépenses liées àl’éducation, car un public moins instruit consomme davantage". Eh bien, nous y sommes. Ils ont brisé la contre-culture, ils ont verrouillé tous les contre-pouvoirs, ils ont abruti les gens, ils ont appauvri leur langage. Ils ont coupé leurs couilles ! Ils l’ont réussi leur programme.

ULI — Moi ton texte je l’approuve Jan. Je voterai pour.

EVA — Moi aussi.

JAN — Merci. Mais c’est plié de toute façon. Tous les autres voteront contre, n’est-ce pas ? Vous savez quoi, tout ça, tout ça oui j’y croyais encore hier, vous me direz je suis naïf peut-être mais j’avais encore comme une petite envie d’y croire àce groupe et àtout le reste, alors que làhein vraiment, quoi, vous vous dites "Il fait encore son numéro" mais bordel non c’est pas ça. (Reprenant ses feuilles) Là-dedans j’y ai mis tout ce que j’ai...
(…)


Distinction

Pièce finaliste du Grand Prix de littérature dramatique 2018.


Pièce sélectionnée pour le Prix Sony Labou Tansi des lycéens 2018, organisé par Les Francophonies en Limousin et le PREAC àLimoges, remis en avril-mai.

Extrait de presse

« Jan a 20 ans. Une immense soif de vivre. De se choisir un avenir et de le faire rayonner dans un monde humain, juste, égalitaire. (…) Face àlui, àson désir de prendre part et d’être impliqué, d’autres jeunes. Ils ont le même âge. Des expériences différentes, des parcours compliqués. (…)

En une vingtaine de séquences, qui sont autant de petites histoires, Manuel Pereira rejoue l’affrontement éternel entre l’idéalisme et le pragmatisme, entre les intransigeants qui ne veulent pas de demi-mesures, qui vont chercher la faille partout où surgit la tentation de faire quelque chose, et ceux qui tranquillement, obstinément, passent àl’action.

Et puis il y a l’ami Mathias, son désir d’en fini àcoups de médocs parce qu’il se trouve trop gros et que personne de veut baiser avec lui, Mathias àl’hôpital, son besoin de chaleur humaine, de la présence de l’autre. Et Jan découvre que cette chaleur lui manque aussi. Il est déraillé entre ses désirs et la réalité. (…)

D’une écriture extrêmement précise, articulée, comme un travail au scalpel qui s’en irait visiter l’intérieur des individus pour mieux voir ce qui les meut, l’auteur analyse finement ce mur dressé entre une jeunesse impatiente de vivre et une société capitaliste, libérale, puissante, qui a compris qu’offrir àla population le pouvoir de consommer sans limites était peut-être l’analgésique le plus puissant pour vaincre la douleur de ne pas vivre.

Il utilise souvent pour ses personnages la troisième personne du singulier comme s’il se regardait vivre, se jugeait, se jaugeait, comme s’il n’avait pas encore fait le choix de coïncider avec lui-même.
Mais le propos n’est pas noir. (…)

Un très beau texte qui laisse la porte ouverte. S’engager, oui, mais comment ?  »

[Patrick Gay-Bellile, Le Matricule des Anges, n° 184, juin 2017]


« Jan et ses camarades arrivent àl’âge où la lucidité remet en cause engagements et certitudes. Jan résiste encore au doute et persiste àcroire que l’action violente pourrait arrêter la mise en esclavage du genre humain. (…)

Le très beau texte de Manuel Pereira nous fait vivre ce drame de la désillusion. Il n’y a qu’un remède àcette souffrance, c’est le lien d’amitié généreuse qui porte ces jeunes às’offrir mutuellement ce dont la société les prive le plus, àsavoir le respect mutuel.

Une rude et belle leçon de vie.  »

[Fanny Carel, Revue de livres pour enfants, n°301, juin 2018]


« L’écriture de Berlin Sequenz oscille entre dialogues cinématographiques et chœur antique. Les personnages, tous âgés d’une vingtaine d’années, tentent d’exister au vingt-et-unième siècle dans une ville occidentale emblématique. Cette ville est, en filigrane, un personnage àpart entière de l’histoire : Berlin, son histoire humaine, politique et économique.

Les protagonistes tentent de faire vivre un collectif, afin de ne pas se construire en tant qu’adultes comme la société l’aurait décidé pour eux. Dès ses premières interventions le “héros” Jan, pose la possibilité que même cette organisation rebelle ne soit pas déjàpensée, digérée, programmée par le système. De Jan, écorché vif, nous suivrons son parcours, ses tentatives passionnées et absolues pour une vie différente, tout au long de la pièce. Et fait rare, sans nihilisme. (…)

L’œil pédagogique
Les problématiques qui sous-tendent cette pièce, pourront intéresser les disciplines telles les Sciences économiques, l’Histoire, la Philosophie, l’E.M.C. et l’Allemand. En Français, ainsi qu’en option Théâtre, la lecture àhaute voix dans les différents styles utilisés, pourra être un excellent outil. Les thèmes de la jeunesse, de l’engagement et des récits écrits lors de tournants de l’Histoire, sont aussi des axes de réflexion dans les différentes matières pré-citées.

[Yael Tamal, Qui veut le programme, 6 octobre 2018]


« La mise en scène, signée Marie-Pierre Bésanger, sublime le texte de l’auteur, avec dix jeunes comédiens. (…)

Si l’auteur ne donne aucune réponse, il nous questionne, nous bouleverse, nous remue, nous déchire.  »

[Le Tam, n°26, octobre 2018]


« Berlin sequenz est un théâtre politique en engagé qui explore plusieurs voies – et voix – y compris dans l’écriture : des dialogues passionnés et percutants y alternent avec de longs monologues où la pensée se cherche, des poèmes ou des chœurs comme dans la tragédie antique.  »

[Revue InterCDI n°279, collège, mai-juin 2019]

Vie du texte

Lecture, dans le cadre de L’imparfait du présent, proposé par lesFrancophonies en limousin, le 23 septembre 2017.


Lecture aux Lundis en coulisse de la compagnie Les Encombrants, Frédérique Moreau de Bellaing, le 5 mars 2018.


Création par le Bottom Théâtre, dans une mise en scène de Marie-Pierre Bésanger, avec Yohann Bourgeois, Sacha Ribeiro, Adèle Grasset, Bérengère Sigoure, Tristan Oudar, Léo Bianchi, Romane Ponty-Bésanger, Marie Menechi, Fabien Rasplus, Hélène Bertrand, àL’Empreinte, scène nationale Brive-Tulle, les 4 et 5 octobre 2018.

Tournée 2019
— Auditorium Sophie Dessus, Uzerche (19), le 16 janvier et le 19 avril
— Théâtre d’Aurillac (15), le 5 mars
— Théâtre de Thouars (79), le 7 mars


Mise en lecture, dans le cadre des Rencontres d’été - Focus sur les écritures théâtrales d’aujourd’hui – sélection du Comité de lecture - proposées par le Méta-CDN de Poitiers, par le Collectif Méta, dirigée par Pascale Daniel-Lacombe, au château de Chiré, le 10 juin 2023.

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